Depuis 48 heures, Le Point gate défraie la chronique au sein de l’opinion publique et dans la sphère médiatique guinéenne. Chacun y va de son propre commentaire dans ce feuilleton où il est question du versement par le DG de la CNSS des 67 800 euros à l’agence Universal Communications pour un publi reportage d’une demi-page dans les colonnes du Magazine Le Point. Une ponction de plusieurs millions de nos francs pour se payer les services d’un média étranger en vue de mettre en avant dit-on les actions et les ambitions du Président de la transition guinéenne, le Colonel Mamadi Doumbouya.
Cette affaire, en plus de choquer une partie de l’opinion nationale, révèle l’épineuse question de la communication au sein de nos institutions publiques. Il n’est pas rare de constater des carences et des incohérences dans la conduite de la communication gouvernementale. Dans ce dossier, est-ce qu’il revenait au DG de la CNSS de commanditer et payer la communication du gouvernement en lieu et place de la DCI, la CCG ou mieux le Ministère de l’information et de la communication ? C’est simplement illustratif de l’amateurisme, de la confusion des rôles de la communication publique au sommet de l’Etat.
C’est pourquoi, il est important ici de citer Dr Namoin Yao Baglo (ISICA-Togo) qui définit « la communication publique, comme celle qui recouvre la communication des institutions publiques (Etat, parlement, gouvernement), la communication des institutions investies d’une mission de service public et celle des collectivités. Elle ne poursuit pas d’objectifs lucratifs ni mercantiles. Elle aide dans la conduite des projets publics ou ceux visant l’intérêt général ».
Cela veut dire, la communication gouvernementale a pour vocation première de s’adresser aux citoyens du pays, de leurs expliquer avec clarté et pédagogie les priorités publiques conduites par le pouvoir politique surtout en cette période de transition pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal. Faire en sorte de rétablir le lien de confiance entre gouvernants et gouvernés. Donc, une communication publique au bénéfice de l’intérêt général vise d’abord à rassurer les citoyens à l’interne et non à l’étranger.
Par contre en Guinée, on note un développement fulgurant de la communication politique à visée propagandiste au détriment de la communication publique. Toutes les actions du gouvernement, au lieu de faire l’objet d’une véritable communication publique avec comme objectifs l’information, la sensibilisation et la fédération des citoyens autour d’une vision commune du pays, sont plutôt présentées comme l’œuvre du gouvernement et tout particulièrement du chef de l’Etat, dans une perspective de se maintenir au service d’un clan au détriment du peuple.
Au sein des ministères, il est à remarquer que les responsables de la communication, au lieu de faire de la communication publique, font plutôt de la communication politique en étant véritablement au service du ministre ou d’un p’tit directeur. C’est symptomatique du mal profond et l’urgence de penser dans notre pays, une communication publique qui répond à une exigence de transparence à l’égard des citoyens.
La communication est plus que jamais une dimension essentielle de l’action publique et les responsables de com doivent agir auprès des décideurs pour faire de la communication de réussite des politiques publiques et non l’inverse.
Ibrahima Diallo,
Mastérant en communication publique et politique.