La Transition guinéenne a débuté au mois de septembre dernier à l’issue d’un coup d’Etat militaire, rappelons que des soldats ont pris le pouvoir, après que le président en exercice à décider de ne plus se conformer à la constitution au mépris des institutions en place. La transition est en voie de s’affranchir dans un élan délicat d’autant plus que des soubresauts, des tensions, et les écarts de langage sont perceptible dans le pays. Cette nouvelle situation ne garantit ni espoir, ni sérénité aux seins de la population. Le passage d’un pouvoir pris par la force a un pouvoir ayant abouti par une consultation électorale doit se faire avec tact, diligence et surtout par consensus.
Par contre, l’antagonisme entre le CNRD et les acteurs sociopolitique et l’élan radical que prônent les acteurs de cette transition doit nous amener à une prise de conscience saine quant à l’aboutissement harmonieuse de la transition.
En effet, le CNRD étant l’organe central de la transition, il doit permettre à la manifestation de divers intérêts politiques et social en présence, permettant à l’ensemble des acteurs la possibilité de trouver une voie d’expression. D’ailleurs, l’article 8 de la charte de la transition est clair sur le fait que les libertés et droits fondamentaux sont reconnus et leur exercice est garanti aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi.
C’est pour cela, le CNRD étant l’organe central de définition et d’orientation stratégique de la politique économique, social, culturelle et de développement du pays, doit être plus que jamais un organe de prévention de conflit qu’un organe réactionnaire dans la crise politique. L’instabilité politique et sociale dans une situation de transition entraîne toujours des tendances fâcheuses au sein et en dehors des organes de transition qui pourrait ralentir le retour à l’ordre constitutionnel et radicaliser les parties prenantes. Dans ce cadre deux tendances émergent :
Premièrement, cette situation permet aux acteurs politiques et sociaux dont les points de vue sur la gestion de la transition divergent avec les autorités à profiter de ces soubresauts dans lesquels nos compatriotes perdent la vie comme lors de la récente manifestation, pour décrédibiliser et induire la junte dans une position de bourreau et eux de victime. Une situation qui pourrait éventuellement discréditer la junte sur le plan national et international à travers toutes les institutions régionales et sous régionaux, mais aussi avec tous les défenseurs des droits de l’homme. Une éventualité qu’a déjà connu notre pays en 2009 après les événements douloureux du 28 septembre.
Deuxièmement, cette instabilité pourra occasionner une discordance d’idée et de méthode entre les dirigeants de la transition puisque le pouvoir actuel ne se repose sur aucune légitimité, et certains pourraient être tentés de profiter de ces tensions pour justifier un autre coup de force à l’image du 5 septembre. Même si elle nous présente une image sereine sur la maîtrise de toutes les forces de défense et de sécurité, l’histoire nous enseigne que des velléités sont toujours à craindre dans une situation d’exception comme celle que nous vivions.
Pour éviter d’en arriver dans une telle situation, en vertu des principes démocratiques dans un Etat de droit, je demande au CNRD à permettre et garantir l’exercice normal du droit de manifester et offrir des voies d’expression libre, de privilégier l’apaisement et le dialogue entre les acteurs socio-politiques et qu’ils soient guidés que par le respect de la charte de la transition qui fait office de constitution. Une violation répétée de la charte ne fera que fragiliser la junte et renforcer les militants pro démocratie, il faut que la loi soit appliquée dans toutes sa rigueur et dans la plus grande diligence.
Ainsi, sachant que les fondements de la paix restent la vérité et la justice, je lance un appel à l’appareil judiciaire à être plus courageux et impartiale, j’invite les acteurs sociopolitiques à plus de retenue et de responsabilités pour ne pas que la transition actuelle soit à l’image de la transition précédente en termes de bilan humain macabre.
Pour finir, il faut rappeler qu’aucune situation d’exception où d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains. C’est pour cela, une contribution des forces de défense et de sécurité à l’aboutissement d’une Guinée plus juste est primordiale pour le reste de cette transition.
Bassirou Diallo