Transition et gouvernement d’union nationale entre opportunisme et impostur
Depuis quelques jours, je lis çà et là des publications appelant à une transition et/ou préconisant la formation d’un gouvernement d’union nationale. En effet, il convient de mettre les pendules à l’heure et de sonner la fin de la récréation.
Tout d’abord, rappelons que bien avant l’organisation de l’ « élection » présidentielle du 18 octobre dernier, il y a deux camps qui préconisaient la mise en place d’une transition politique en vue de remettre de l’ordre dans ce foutu État dans lequel, nous vivons actuellement. Car, nous sommes dans un État normalement anormal. En fait, le régime d’Alpha Condé a tout chamboulé dans ce pays. Aucun ordre juridique normal ne fait fonctionner le pays. Il a souillé la Constitution de 2010 sur laquelle, il fondait la légalité de sa désignation en procédant à son changement illégal dans le seul but de s’octroyer un troisième mandat. C’est ainsi qu’il a soumis un projet de constitution à la Cour Constitutionnelle que celle-ci a validé. Ensuite, ils ont procédé à sa modification après sa publication au Journal officiel. Puis, ils ont soumis cette nouvelle version à l’approbation populaire que le peuple du RPG Arc-en-ciel avait voté. Après cette farce électorale du 22 mars, ils ont changé le texte soi-disant adopté. Depuis lors, nous sommes dans un pays sans ordre juridique normal – constituellement parlant.
Sur la base de cette réalité malheureuse, le leader politique BAH Oury (voir son intervention du mois de juin dans les GG d’Espace FM) et le Collectif pour la transition en Guinée (CTG) dont Soriba Sorel Keïta est le porte-parole (voir son site internet), ont préconisé la mise en place d’une transition politique afin de mettre l’État dans un état normal. Malgré tout, ils n’ont pas été entendus. Cependant, il convient de se poser des questions sur le Collectif pour la transition en Guinée dont moi-même je suis membre. En fait, avant le 18 octobre, j’étais pour la transition, c’est pourquoi, j’avais adhéré au CTG via son site web. Mais après avoir constaté sa composition, j’ai des doutes à émettre sur la sincérité de ceux qui portent la démarche. J’ai remarqué qu’il (CTG) avait en son sein : Ahmed de Paris et Alpha Diallo. Concernant Ahmed de Paris, les Guinéens l’ont découvert à l’occasion du mouvement social des Forces sociales dont l’objectif était d’amener le gouvernement à réduire le prix du carburant, et des élections communales dont il était candidat à la Commune de Matoto. On se souvient qu’il avait trahi la cause en jouant le jeu du gouvernement qui consistait à faire échouer la lutte. Ainsi, il avait essayé de corrompre certains acteurs des Forces sociales. Dès lors, le doute et la méfiance se sont installés entre les membres. À cause de lui, cette lutte avait échoué finalement. D’ailleurs, on l’a vu récemment prôné une transition en France, mais a participé au meeting du RPG Arc-en-ciel au Palais du peuple après avoir fait une publication à relent ethnique visant à s’opposer à ce qu’un Peul soit Président de la République parce que selon lui, il y a une hégémonie peule qui se prépare en Afrique de l’Ouest.
Alpha Diallo fut l’un des membres du mouvement Amoulanfé qui a été le premier mouvement à s’opposer au projet de changement constitutionnel d’Alpha Condé. Mais voyant ses intérêts économiques menacés en Guinée, il avait quitté le mouvement. Il est ensuite devenu un promoteur du troisième mandat pour Alpha Condé sur les réseaux sociaux et son site d’information aurait même travaillé pour le gouvernement.
Concernant Soriba Sorel Keïta Vice-président de l’association SOS Racisme en France, jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas à douter de sa sincérité même si j’ai appris qui est proche de Baïdy Haribot.
BAH Oury est incontestablement animé d’une bonne volonté en préconisant une transition parce qu’à l’en croire c’est pour remettre de l’ordre dans le fonctionnement du pays.
En dépit de tout ça, une « élection » a été organisée à la suite de laquelle, le principal opposant à Alpha Condé dit avoir gagner selon les résultats que ses délégués lui ont remontés après le dépouillement. Maintenant, le bon sens voudrait qu’on exige la vérité des urnes quitte à procéder à un recomptage des voix au lieu d’appeler à une transition. L’objectif premier est l’alternance, et si celle-ci est obtenue dans les urnes, pourquoi ne pas l’exiger tout en continuant le combat pour qu’une réforme institutionnelle soit menée ?
Malheureusement, on voit un nouvel courant qui prône une transition ou un gouvernement d’union nationale. En réalité, ces acteurs-là sont des opportunistes et des imposteurs. Quand Faya qui avait dit s’inscrire dans la démarche du FNDC dont l’objectif était de s’opposer au changement constitutionnel et à empêcher un troisième mandat pour Alpha Condé, par conséquent, qu’il ne participait pas à cette « élection », sort maintenant pour demander une transition, cela ressemble à de l’opportunisme et à de l’imposture. Pire, Abbé Sylla qui était candidat reconnaît que Cellou Dalein a gagné, mais il souhaite malgré une transition.
Si Faya et tous ses promoteurs de dernières minutes d’une transition étaient vraiment sérieux dans leur volonté d’une transition, pourquoi, n’avaient-ils pas rejoint BAH Oury pour préconiser cette démarche-là ? Pourquoi la préconiser maintenant pendant que le principal challenger d’Alpha Condé dit avoir gagné ?
Personnellement, je préconisais cette démarche-là avant le 18 octobre dernier. Mais dès lors qu’il y a eu « élection », je ne trouve plus une transition opportune. Il faut exiger la vérité des urnes !!!
Par ailleurs, aller à un gouvernement d’union nationale, c’est trahir une nouvelle fois la mémoire des victimes qui sont tombées du fait de leur opposition au maintien d’Alpha Condé au pouvoir après son dernier mandat. Parce que vouloir un gouvernement d’union nationale c’est soutenir le maintien d’Alpha Condé qui a fait assassiné des Guinéens pour satisfaire sa boulimie du pouvoir. Donc, la seule chose qui doit rester la solution, c’est de continuer la lutte jusqu’au départ d’Alpha Condé !