Les premières apparitions du commandant Toumba au procès du 28 septembre retiennent l’attention du public et du corps magistral non pas seulement à cause de son statut d’aide de camp du capitaine Dadis, c’est encore par la façon dont il rend le récit. Des figures rhétoriques du type discursif à la Georges Marchais.
Georges Marchais fut le 1er Secrétaire du Parti communiste français. En réplique à Alain Duhamel et Elkabbach en 1974, dans une interview, lança : « Vous avez vos questions, j’ai mes réponses ». C’est exactement ce que nous sert depuis l’entame du procès, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, aka Toumba.
Ce procès n’est pas inintéressant d’un point de vue rhétorique. C’est même redondant de le mentionner car le corps magistral use autant de la force des mots que de celle de l’argumentation. Alors à quel point de vue, le commandant Toumba use-t-il de figures rhétoriques pour se défendre ? Quelques marqueurs ont émaillé les premières sorties de l’accusé.
Entre autres, c’est la schématisation même dont il assure à son raisonnement. Cela se rapporte par exemple à la contextualisation, à l’historicisation comme le rappel des conditions de prise du pouvoir. Le commandant Toumba fait dans un second temps dans la légitimation intellectuelle (référence à ses formations académiques et professionnelles comme dans l’armée ou en médecine). Ce procédé n’est pas du tout fortuit car il permet d’asseoir la conviction de votre interlocuteur quant à votre légitimité à parler du sujet en débat.
Un troisième élément constituant le point d’orgue de sa démonstration. C’est la mobilisation qu’il fait de la théorie des rôles. Il persuade par son rôle de premier plan dans la conquête du pouvoir. Comme pour dire qu’il est un connaisseur et sait de quoi il parle. Extrêmement important dans le travail de la réputation et de la persuasion. Dans la même veine, il fait trait à la structure du pouvoir et ses leviers. Pour ce faire, il présente le pouvoir du capitaine Moussa Dadis Camara tel marqué par une polyarchie. Ce qui dénote d’un caractère épars et renvoie à plusieurs niveaux décisionnels les plus juxtaposés et désarticulés.
Il schématise si bien sa prise de parole qu’il force à le suivre comme dans un scénario. Justement, le volet scénarisation consiste à captiver. Attestent les mentions sur les réseaux sociaux et dans la presse. Il use superbement d’un modèle de raisonnement à trois niveaux. Cela s’appelle du syllogisme au point qu’il nous laisse entrevoir déjà le bout du tunnel. La chute. Quid de la réactance ? « Les diables et les anges sont parmi nous », « les références coraniques » sont la partie mise en scène. Le cultuel !
Et c’est à ce niveau que la déconstruction par lui et son avocat de la “ la commune renommée” prend du sens. Et cela semble bien donc impacter l’opinion pourtant répulsive au départ, à son vis-à-vis. On peut lire : “ Donc Toumba n’est pas le pire qu’on croyait” ou encore “ Toumba est sincère” ou bien “Toumba dit la vérité”.
Toumba mobilise tout pour convaincre le juge. Il l’a déjà convaincu comme quand il le persuade de la corrélation des faits du 28 Septembre et ce qui s’est passé au camp Koundara. Cela s’appelle aussi de « l’objectivation ». Mais comme pour reprendre les propos d’un figurant dans la série politique « House of Cards » ; l’opinion publique n’est pas diplômée en droit. Donc seules, in fine, les décisions de la justice en valent.
Kabinet Fofana,
Analyste politique