Tougué : La CORDDT interpellée sur la gestion de plus de 300 millions GNF
À Tougué, une initiative citoyenne portée par la Coordination des Organisations de Ressortissants pour le Développement Durable de Tougué (CORDDT) est aujourd’hui au cœur d’une vive polémique. Lancée du 13 octobre au 13 novembre 2024, une campagne de collecte de fonds censée soutenir le système éducatif local soulève de nombreuses interrogations sur la transparence et la gestion des ressources mobilisées.
Dès la première journée de cette mobilisation, organisée à l’hôtel Noom à Conakry, plus de 300 millions de francs guinéens auraient été récoltés, selon une source proche du dossier. Des concerts ont par ailleurs été organisés dans plusieurs communes rurales de la préfecture, avec la participation de l’artiste Alphadio Dara, pour renforcer la dynamique de solidarité. Cependant, près de cinq mois après la clôture de la campagne, aucun bilan officiel n’a été présenté.
Malgré les montants importants évoqués, aucune trace concrète de l’utilisation des fonds ne semble visible à Tougué. « Aucun enseignant contractuel n’a été soutenu, aucun table-banc n’a été acheté, aucune école rénovée », déplore une source locale, ayant requis l’anonymat. Elle ajoute qu’une citoyenne s’était même engagée à rénover une école à ses frais, mais que son initiative n’a jamais été concrétisée.
« La collecte avait pour but de venir en aide au système éducatif local dans sa globalité : enseignants, élèves, infrastructures. Le mutisme de la coordination après la campagne est préoccupant. Même une mission envoyée en janvier pour recenser les enseignants contractuels en situation de classe n’a donné lieu à aucun retour », poursuit-elle.
Face à ce silence jugé inquiétant, de nombreux ressortissants de Tougué réclament désormais un audit clair de l’opération. « Nous ne cherchons pas la polémique. Mais si les fonds ne suffisent pas à couvrir les besoins, que cela soit dit publiquement. Le silence ne fait qu’alimenter les soupçons », insiste notre interlocuteur.
Interrogé par notre correspondante, le président de la CORDDT, Elhadj Lamine Baldé, dit « Parisien », rejette en bloc les accusations. « Nous ne sommes pas une institution publique. Nous sommes une association engagée pour le bien de notre communauté. La collecte n’était pas spécifiquement destinée aux enseignants contractuels. Dans les prochains jours, nous serons à Tougué pour rencontrer les habitants et discuter de ces préoccupations », a-t-il déclaré.
En attendant, les populations de Tougué, qui ont généreusement contribué à cette campagne, continuent de s’interroger sur la gestion d’une collecte qui, jusque-là, semble n’avoir laissé que des promesses sans suite.
Thierno Abdourahmane Diallo, correspondant à Labé pour Planete7.info
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