Sa venue en politique et son ambition pour la Guinée : Dr Ousmane Doré du MND se livre à cœur ouvert (Interview)

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Quelques jours après l’officialisation de son engagement en politique en prenant les rênes du Mouvement National pour le Développement (MND), Dr Ousmane Doré a accordé une interview exclusive à notre rédaction. Dans cette entrevue, l’ancien ministre de l’économie et des Finances du gouvernement de large consensus (2007-2008) a décliné ses priorités pour la Guinée. Avec le MND il veut assurer l’alternance politique en Guinée et offrir aux Guinéens des services sociaux de base et une justice équitable. L’homme a profité pour s’exprimer sur la situation politique du pays et la gouvernance du régime actuel. Nous vous livrons la première partie de cette interview.

Planete7.com: Bonjour Dr Ousmane Doré. On vous connait dans le milieu littéraire et économique. Mais vous venez de vous lancer sur le terrain politique en prenant les rênes du MND. D’où est venue l’idée de vous engager en politique ?

Dr Ousmane Doré:  vous savez l’engagement politique est souvent motivé parfois, par un constat, parfois par une ambition. Dans mon cas particulier, j’ai passé la plus part de mon temps à l’étranger, évoluer dans des institutions internationale, j’ai travaillé sur une trentaine de pays à travers le monde dans le domaine économique et dans le domaine du développement. Alors en observant la situation économique de mon pays, j’ai emmené d’abord à faire un condensé de ce qui sonne comme perspectives sur l’évolution de socioéconomique de ce pays (…). Donc ma venue en politique est du à cela. 60 an et quelque d’indépendance, notre pays n’arrive pas à véritablement sortir de la situation du sous-développement. Y’a toujours la pauvreté qui sévit ceci, en dépit des nombreuses ressources que la Guinée recèle et qui auraient pu être mises à profit pour être transformées au bénéfice des populations. Nous avons observé que dans ce pays, des comportements ou des fléaux ont fini par miner notre société. Des fléaux comme la corruption, l’impunité, le repli identitaire, la mal gouvernance qui ont contribué à perpétuer la pauvreté. Par exemple, c’est la moitié de la population guinéenne qui vit au seuil de la pauvreté selon la banque mondiale c’est-à-dire la pauvreté monétaire. Si vous prenez la pauvreté multidimensionnelle, ça veut dire que la possibilité d’avoir accès aux services sociaux de base, c’est près de trois cinquième de la population qui souffre. C’est inacceptable ! Donc pour quelqu’un comme moi, qui a passé la plus part de son temps à travailler dans des pays parfois semblable à la Guinée (…), il m’a semblé que j’avais ce qu’il fallait pour apporter quelque chose dans le cadre de la construction de notre maison commune.

Pourquoi le choix du MND  ?

Il est vrai que les problèmes de la Guinée, on peut les résumer sous plusieurs formes. Y’a l’éthique du travail qui est bafouée dans ce pays, la valeur travail n’est pas encore reconnue, on préfère le triomphe dans l’à-peu-près. Y’a la justice qui est instrumentalisée et qui n’est pas proche des populations. A cela on peut parler des conditions du vivre ensemble qui sont aujourd’hui malmenées parce-que les débats tournent autour de l’ethnie (…). On a préféré le label MND (Mouvement National pour le Développement) pour dire que notre ambition est que la Guinée véritablement arrive finalement à régler la question du développement qui, pour nous, pourrait être la solution à tous les problèmes.

Le MND est de quelle obédience politique ? 

Y’a une position centrale quand même parce-que vous savez quand on parle d’opposition on parle de mouvance. Les gens pensent clairement que dans l’univers de possible vous n’avez que ces deux camps. Mais moi je ne suis pas obligé d’être vu comme quelqu’un qui est associé à la mouvance bien que je partage certains éléments du programme de la mouvance. Je ne suis pas obligé de penser que je suis de l’opposition surtout si c’est une opposition radicale bien que je partage quelques observations qu’ils ont aussi sur la situation actuelle du pays. Ce dont il est question pour nous MND, c’est l’essor de la Guinée, la transformation économique de ce pays. Nous pensons que la politique politicienne, les débats vous êtes de gauche, vous êtes de droite, je crois que ça ne sert à rien. Aujourd’hui ce dont il est question, on peut être libéral sur le plan de la gauche en matière sociétale, vous défendez les valeurs progressistes et en même temps vous croyez au marché, à l’initiative privée, à la possibilité pour l’individu d’innover, de créer. Ce sont les enjeux de l’économie du marché mais une économie du marché qui est régulier (…). Je suis là pour incarner cette troisième voix qui ne signifie pas que je ne travaille pas avec tout le monde. Si mes orientations que je présente aux populations, il trouve que déjà des volets sont endossés par le pouvoir, bien entendu qu’il y aura une collaboration pareil aussi si l’opposition travaille sur certains aspects que nous. Nous avons un programme cohérent qui signifie qu’il faut aller droit vers le développement. 

Vous venez sur un intérêt occupé par des gros morceaux (UFDG, RPG, UFR…).  Comment le MND compte -t-il se frayer un chemin et marquer son territoire ?

Nous avons cette conviction réelle que les Guinéens dans leur majorité veulent un changement (…). Nous pensons que nous pouvons offrir une voix qui est différente à ce qu’on leur a proposé jusqu’ici. Laissez-moi vous dire que ce n’est nullement une course de vitesse, c’est une course fond. Pour nous, en venant même à quelques deux à trois mois des échéances cela ne dit rien en la capacité du peuple de prendre notre message et de vouloir s’engager dans la voie irréversible du changement pour le pays.

Vous parlez d’alternance politique dans les règles démocratiques. Cette alternance doit commencer à partir de 2020 ? Et quelle génération de politiciens doit-elle l’assurer ?

Le MND a beaucoup de guinéens de toutes tendances confondues. La première des choses, vous noterez avec ce mouvement, il est composé de jeunes, de femmes qui n’ont aucune coloration ethnique. Ils sont venus dans ce mouvement avec l’idée de changer la Guinée. Donc nous ne sommes même pas dans des débats inter régionaux (…). Les conditions des femmes dans les zones rurales ou même dans les villes de l’intérieur ça n’a pratiquement pas changé. Où est le progrès ? comment se fait-il qu’après 50 ans que je suis parti de mon village et que je revienne pour trouver que les femmes et les enfants sont victimes des mêmes réalités ? Ce n’est pas ça le progrès. Donc il me semble que l’alternance en Guinée à laquelle nous pensons, c’est une alternance qui va se faire avec une nouvelle génération de leaders politiques. Ceux-là qui croient à l’avenir de cette nation et qu’il y est un tournant décisif, un virage irréversible pour réellement mettre la Guinée dans le peloton des nations développées. Nous voulons le changement ici et maintenant. Notre détermination est farouche (…). J’ai sillonné le pays pendant plusieurs mois et je me suis rendu compte des frustrations des Guinéens. Pas de façon politique, idéologique, on veut tel ou on ne veut pas tel. Mais ils veulent des conditions meilleures (des conditions de mobilité d’un village à un autre).

Dans les jours à venir, Planete7 vous livrevra la seconde partie de cette interview dans laquelle il a évoqué la décennie de gouvernance d’Alpha Condé, le double scrutin de mars dernier, la question du 3è mandat et les différentes manifestations de l’opposition.

Thiankoye et Timbi DIALLO
(224 621 99 15 74 / 628 58 70 01)

2 commentaires
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