Procès en appel d’Aliou Bah : entre huis clos et médiatisation, la justice face au dilemme de la transparence

Le procès en appel d’Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), poursuivi pour « offense et diffamation contre le Chef de l’État par le biais d’un système informatique », a connu un nouveau rebondissement ce mercredi devant la Cour d’Appel de Conakry. L’audience, bien que très attendue, a été brève mais révélatrice d’un bras de fer symbolique entre le ministère public et la défense autour de la nature publique ou confidentielle des débats.

Au cœur de l’audience, deux visions diamétralement opposées : celle du parquet, représenté par Fallou Doumbouya, qui a sollicité la tenue d’un huis clos pour « préserver la sérénité des débats » après la diffusion d’extraits d’audience sur les réseaux sociaux et un incident impliquant un procureur ; et celle des avocats de la défense, farouchement opposés à toute forme d’opacité.

Pour la défense d’Aliou Bah, cette demande de huis clos constitue une entrave injustifiée à la transparence judiciaire. « Aucun procès pour offense au Chef de l’État n’a jamais été tenu à huis clos dans ce pays », ont-ils argumenté. Mieux, ils estiment que c’est précisément l’absence de médiatisation officielle qui a favorisé les dérives relevées par le parquet. D’où leur propre requête : permettre l’accès de la presse pour éviter la désinformation.

La présidente de la chambre correctionnelle, Hadja Fatou Bangoura, a tranché : ni huis clos, ni médiatisation. En rejetant les deux demandes, la Cour a préféré maintenir le statu quo, renvoyant le dossier au 16 avril pour la reprise des débats, qui pourraient cette fois aborder le fond de l’affaire.

Au-delà de la simple procédure judiciaire, ce procès soulève des enjeux fondamentaux. Comment juger des propos tenus par un opposant politique sans porter atteinte à la liberté d’expression ? Jusqu’où peut-on invoquer la sérénité des débats sans empiéter sur le droit du public à être informé ? Le rejet de la médiatisation pourrait alimenter les soupçons de procès politique, alors que la défense insiste sur la nécessité d’un débat ouvert, assumé, et ancré dans le respect des droits fondamentaux.

En attendant le 16 avril, l’affaire Aliou Bah reste suspendue, comme une ligne de fracture entre deux conceptions de la justice : l’une, soucieuse de maîtriser la communication ; l’autre, déterminée à en faire un levier de vérité.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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