À l’approche du mois de Ramadan pour les musulmans et le Carême pour les chrétiens, le gouvernement guinéen a jugé nécessaire de venir en aide au panier de la ménagère. Ainsi, il (le ministère du Commerce) a plafonné les prix comme celui de l’huile, du riz, du sucre et a interdit l’exportation d’autres produits comme le poisson pour permettre aux Guinéens d’avoir ces aliments de première nécessité à bas coût. Deux semaines après le début du Ramadan et plus pour le mois des chrétiens, notre rédaction est allée à la rencontre des commerçants pour évaluer l’impact de ses mesures.
Nous sommes au marché de Matoto, l’un des plus grands de la capitale. Au milieu du hangar dudit marché, des femmes vendent différents types de poissons sur des tables qu’elles ont exposées sans couverture. Mabinty Sylla occupe une table entre plusieurs femmes, elle vend des poissons et a plus à dire que notre question « celle de savoir est-ce que l’interdiction d’exportation des poissons la favorise ? ». Ici, la décision n’a apparemment pas eu de gros effets, du moins positivement, « À l’heure-là, il n’y a pas de poissons » s’en presse-t-elle à nous dire, « à part le bologui, il n’y a pas de poissons. Même au port, il n’y en a pas quand vous partez », persiste madame Sylla.
Pourtant, sur la question de l’avantage qu’elle a suite à l’interdiction d’exportation des poissons, elle est tout à fait d’avis avec les autorités : « Oui, ça va nous arranger si les poissons ne sortent pas. Normalement, il y aurait dû avoir beaucoup de poissons dans ce cas. », cependant ce n’est pas le cas et c’est une situation que Mabinty peine à expliquer : « Je ne sais pas, faut qu’on demande aux autorités. »
L’interdiction à l’exportation qui ne trouve gain de cause, le plafonnement également rencontre des problèmes. Parmi les prix plafonnés, figurent également celui d’un Kg de viande, si le prix était vendu à 70 mille Gnf avant le Ramadan, désormais, il est à 60 mille Gnf pas plus. Malgré, les citoyens peinent à s’acheter de la viande, nous jure Mamadou Oury Diallo, qui vend de la viande à l’entrée Est du marché : « Depuis que le Ramadan a débuté, il n’y a pas beaucoup de marchés. Avant quand on prenait un pied, deux pieds, on pouvait les écouler dans deux jours, à date, un pied prend deux à trois jours », déplore-t-il.
Mamadou Moustapha Diallo lui tient une grande boutique, sa marchandise est un peu le visage de tout ce que l’État a plafonné les prix, riz, huile, sucre, etc., cependant, il constate une contradiction entre les prix plafonnés par les autorités et la réalité sur le marché : « Par exemple l’huile, on vend ici de 305 à 310 mille, c’est écrit sur le papier (celui des prix plafonnés) 320 milles. Le sucre aussi, nous, on achète à 360 mille et on nous a dit de vendre cela à 350 mille, donc c’est cette contradiction qui cause des difficultés pour nous », regrette-t-il.
Une contradiction pourtant déconseillée par l’économiste et enseignant Madiou Sylla : « mettre le plafonnement des prix est normal, mais dans la mesure où le prix d’équilibre espéré ne dépasse pas le prix plafond, là c’est possible. Mais, au contraire, cela va créer des problèmes et les entreprises qui produisent risquent de partir en faillite. ».
Dans le cadre des avantages de l’interdiction d’exportation, monsieur Sylla pense que c’est une politique économique interne mise par les autorités pour atteindre un objectif. « Puisque quand les produits ne sortent pas, cela va permettre à l’économie d’avoir des marchandises sur place. Bien que la demande va augmenter, l’offre également sera au rendez-vous. Cela permet à l’économie d’être équilibré », soutient l’enseignant chercheur.
Pour le moment, le plafonnement des prix et l’interdiction d’exportations de certains produits ne concernent que le mois de Ramadan.
Reportage de Diarouga Aziz Baldé pour Planete7.info