Nous commettons souvent l’erreur de vouloir faire comme les pays développés

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Dans notre volonté d’apporter des solutions aux problèmes du pays, nous commettons souvent l’erreur de vouloir faire comme les pays développés en créant des produits très modernes qui finalement resteront dans nos placards car inadaptés à la réalité du terrain.

La conception d’application nécessite de ne pas oublier de prendre en compte les réalités. La république de Guinée ne se résume pas à Conakry. Il y a tout un décalage entre cette capitale et les autres préfectures.

Les solutions technologiques que nous proposons, bien que très modernes et très pertinentes, sont inutilisables chez nous car l’infrastructure de base n’existe pas.

Prenons par exemple le secteur éducatif guinéen. Il serait très difficile de promouvoir une application de gestion des notes ou une base de données d’élèves dans un pays où les infrastructures éducatives sont totalement absentes et, à défaut d’être absentes, archaïques. Nous avons vu à la télé ou dans le cadre de nos voyages à l’intérieur du pays, des villes où l’on enseigne encore dans des hangars faits de bois et de pailles avec des élèves assis à même le sol, des bâtiments vétustes qui servent de dortoir aux étudiants notamment à Labé ainsi que des préfectures qui n’ont pratiquement pas d’électricité.

Pas de bâtiments + pas d’électricité + pas de matériaux informatiques = pas grand-chose pour accueillir nos idées.

La question qu’il faut se poser est de savoir si un élève de Gaoual, de Tougué ou de n’importe quelle autre préfecture ou village peut de nos jours aller sans tracas sur le site d’orientation en ligne pour s’inscrire, payer les droits d’inscription et choisir sa filière sachant le faible niveau de pénétration internet, le niveau du seuil de pauvreté et l’absence d’équipements informatiques dans les établissements publics ?

La réponse s’impose d’elle-même : NON. Et, par déduction, l’on comprend que l’opérationnalité effective des applications et solutions technologiques qui sont développées nécessite que d’autres problèmes plus fondamentaux soient résolus et qu’une certaine base existe en amont pour avoir un véritable impact.

Sans cela, ces applications n’atteindront certainement pas les objectifs pour lesquels elles auront été créées. À la limite, elles pourront servir à certains établissements privés de la capitale.

Il en est de même pour tous les autres secteurs.

À défaut d’être à mesure d’effectuer de véritables études de marché, Il serait bien de nous mettre à la place de la majorité et imaginer au mieux quels seraient leurs véritables besoins. Par exemple, en Côte d’Ivoire, un jeune ivoirien a créé un sac à dos solaire pour les enfants qui sont privés d’électricité chez eux. Ça peut paraitre anodin mais imaginez l’énorme impact de ces sacs sur le quotidien des élèves issus des zones où l’Etat est absent. Sa solution répond à un besoin primaire et à partir de cette solution, d’autres améliorations peuvent être faites plus facilement.

Il est bien de vouloir de grandes choses, mais en l’état actuel des choses, il est encore mieux de se rapprocher des réalités des populations et d’évoluer pas à pas en leurs proposant des services qu’elles pourront accueillir progressivement.

Serge Abraham THADDÉE, entrepreneur et game désigner

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