L’institution militaire n’a pas pour mission de faire de la politique (Par Alpha Saliou Wann)

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Le Chef d’Etat Major Général des Armées a mieux à faire que de tenir des réunions avec des leaders politiques pour parler de récupération des biens immobiliers de l’Etat.

Nous vivons dans l’insouciance alors que jamais notre pays n’a été confronté à des menaces aussi graves contre sa sécurité nationale que maintenant. Le Sahel n’est pas loin. C’est en temps de paix qu’on prépare la guerre.
Notre armée est-elle prête pour y faire face? Le Sahel est juste à notre porte. Le monde rentre dans une zone de turbulences géopolitiques. Nous ne sommes pas dans un jeu d’enfants, la situation est extrêmement dangereuse.

A l’origine, avec l’appui des occidentaux, nos forces spéciales ont été créées pour la lutte anti-terroriste. Aujourd’hui, leur mission consiste essentiellement à protéger leur chef. C’est pareil avec le colonel Goita, ancien chef des forces spéciales maliennes.

Soyons honnêtes avec nous-mêmes , nous ne pouvons pas crier haro sur les troupes françaises et en même temps être incapables de nous défendre. La sécurité, c’est pas de la théorie. Le métier des armes est fait pour des professionnels aguerris. Les règles sont strictes et il faut une organisation redoutable pour gagner la bataille sécuritaire de nos pays.

Notre sous-région fait face à des menaces réelles qui bouleversent les équilibres fragiles de nos États. Nos armées font partie de la composante sécuritaire dans la résolution de ces conflits en appoint à la composante politique qui est la plus déterminante.

Nous l’avons tous constaté au Sahel que nos armées sont très mal préparées à remplir leurs missions. Ce sont de grands corps malades gangrenés par la corruption, désorganisés, mal formés et mal équipés. Réformer nos armées est une priorité. Toutefois, il est de la responsabilité des militaires de s’y engager pleinement et exclusivement. On ne court pas derrière deux lièvres à la fois : faire de la politique et sécuriser le pays. Il faut bien choisir l’une des deux missions.

Au Mali et au Burkina, malgré les aides en formation, la mobilisation de budgets conséquents, les résultats sont peu visibles sur le terrain. Les 5000 militaires français ne peuvent pas tout faire sur ces vastes territoires, ce sont nos armées qui n’arrivent pas à monter en puissance, mais surtout à inspirer Les jeunes colonels ont préféré la douceur des palais de Koulouba, Mohammed 5 et Kosyam à la sobriété de leur campement de commandement sur le terrain.

Ne nous y trompons pas, c’est la présence des forces françaises appuyées sous peu par des unités européennes qui empêche la propagation du risque djihâdiste à l’ensemble de la sous-région.

Il n’y a aucune logique militaire qui commande que des chefs militaires se prélassent dans les palais nationaux. C’est un signal très négatif envoyé à nos partenaires qui dépensent des milliards de dollars pour assurer notre sécurité.

Dans l’espace CEDEAO, l’armée sénégalaise est la seule qui a respecté sa vocation de défense de l’intégrité territoriale du pays en ne se mêlant absolument pas dans les affaires politiques.
L’institution militaire n’a pas pour mission de faire de la politique. Il faut que cela cesse en Guinée.

Alpha Saliou Wann
Président de l’AFD.

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