Encore, les accidents de la route viennent de frapper spectaculairement dans notre pays. Sinon, quant aux sévices corporels ou des tueries avec le chiffre 1 de leur part relève presque de l’ordinaire dans notre pays. Comme une fatalité. Plutôt comme une résignation.
En effet, le samedi 11 juin 2022, un grave accident de la route d’une rare violence s’est produit sur la voie appelée communément la route de Kaléta, qui part du village-carrefour Koubia sur la RN 3 Dubréka – Boffa en direction du barrage Kaléta jusqu’à Télémélé.
À l’origine de cet accident, c’est un taxi 505 Peugeot venant du côté de Télémélé qui est entré en collision frontale dans un virage non loin du pont de Bady Tondon avec une 4×4 Mitsubishi bondée de « passagers » en provenance de Conakry ou Dubréka pour une cérémonie quelque part vers Kaléta. Selon des témoignages, non seulement cette 4×4 était en excès de vitesse mais aussi elle roulait dans le contre sens, sûrement dû à la force centrifuge qu’une vitesse disproportionnée provoque dans une courbe. La violence du choc fut si élevée qu’elle entraina le taxi à environ 100m sur une trajectoire chaotique. Le bilan de cet accrochage est lourd :
☆ 10 morts dont 3 nourrices avec leurs bébés, y compris le conducteur du taxi.
☆ 22 blessés, y compris des cas graves. Dans ce lot, le conducteur de la 4×4 serait en ce moment dans un état comateux.
☆ Des dégâts matériels importants.
Ce triste bilan, quoiqu’effroyable, a plusieurs précédents fâcheux dont la ressemblance des causes réelles doit interpeller fermement notre communauté nationale, d’autant plus que ce mal insatiable ne sera jamais complaisant avec qui que ce soit.
Pour saisir un peu le danger permanent qui plane sur nous, jetons un regard non lointain sur les bilans macabres des accidents de la route survenus dans certaines localités de notre pays :
☆ En 2014, en novembre, à Conakry sur la transversale partant du marché ENTA vers l’ancienne gare ferroviaire de Sonfoniah, un camion ayant ses freins défaillants à la descente avait tué 15 personnes parmi les étalagistes sur la route, y compris des blessés et des dégâts matériels ;
☆ En 2017 à Yorokoguia, après Dubréka, à bord d’un minibus essaimé de « passagers » en partance pour une cérémonie de mariage à Fria avait causé un accident de la route en tentant un dépassement défectueux. Le bilan fut très lourd avec 30 morts et des blessés.
☆ En 2018, sur la RN 2 Faranah – Mamou, en un seul accident de la route, il y avait eu 18 mort à bord d’un minibus transportant des acteurs de cinéma populaire qui fut violemment percuté par un camion ayant eu un pneu avant pété à vive allure.
Le lendemain, un autre cas s’était produit sur l’axe routier Mamou -Gnagara avec 6 tués par collision d’un taxi et d’une 4×4. Le bilan de cette année sur le plan national avait officiellement enregistré 1000 morts sur nos routes ;
☆ En 2019, sur la route de Mamou – Dabola, tout près de Timbo, un minibus transportant des jeunes joueurs de football avait fait 15 morts et des blessés dans un accident de la route du type fortuit.
Le jour suivant, entre Kagbélén et Dubréka, on enregistra 4 autres morts dans un taxi après sa collision avec un camion benne de transport d’agrégats.
Le surlendemain, il y’avait eu 8 morts dans un autre accident de la route entre Kankan-Siguiri.
☆ En 2020, en provenance d’un marché hebdomadaire dans la préfecture de Kissidougou, au mois de septembre, le renversement d’un camion en transport mixte avait fait 11 femmes tuées (des mères de famille).
La même année, entre Kolabouyi et Kamsar, un taxi avec des passagers à bord qui était tracté par une autre voiture s’était vu la corde coupée en pleine circulation et entrer en collision avec une 4×4 qui passait. Bilan 3 morts dont une femme et un enfant.
☆ En 2021, après Kindia, de Sèguèya direction Léfouré bougni, en septembre, un camion benne en transport mixte avec des agrégats, des marchandises et des « passagers » pour un marché hebdomadaire s’était renversé avec 9 morts sur place, dont des femmes.
☆ En 2022, au mois de janvier, toujours au droit du même marché ENTA sur la même transversale, vers l’ex gare ferroviaire de Sonfoniah, un camion ramasseur d’ordures avait perdu ses freins et causer par accident la mort de 4 femmes à même sur la chaussée et des dégâts matériels importants.
Ces citations sont à la fois non exhaustives dans les mêmes périodes et surtout n’ont concernées que quelques cas d’accidents spectaculaires.
Merci d’avance aux uns et autres de prolonger cette énumération au motif d’attirer davantage les attentions sur le danger permanent qui nous guette tous à travers ce fléau.
D’une manière générale, avec les deuils et l’impact socio-économique qui résultent des accidents de la route, y compris le choc psychologique qui en découle, changeront de paradigme.
Personnellement, je suis conscient que le combat qu’il faille mener ne peut réussir que collectivement et à tous les niveaux de sensibilité en même dans notre pays.
Vivement, sévissons efficacement contre ce phénomène du mal, en le déclarant « fléau national à combattre prioritairement ».
Ensemble donc, faisons de la route un havre de paix pour chacun et pour tous.
Balla Moussa Konaté, ingénieur des ponts et chaussées