La mort de la caution ethnique :
Notre pays est constitué d’ethnies qui votent pour élire un président. Ce dernier représentera la Guinée dans son entièreté.
L’ethnie ayant toujours été la base électorale de plusieurs candidats, il est parfois tentant de penser que le vote de toute une communauté est d’office gage d’un succès.
Ce raisonnement a ses limites et renforce parfois le repli sur soi. La preuve, aucune ethnie en Guinée ne frôle 55% en nombre de population. Il sera donc nécessaire de rassembler et de s’ouvrir au reste du pays d’autant plus que le multipartisme a donné naissance à plusieurs candidats dans chaque communauté qui ne forment pas une fédération avec le principal candidat.
C’est le cas de la basse côte avec Sydia Touré, Mamadou Sylla… de la moyenne Guinée avec Cellou Dalein Diallo, Bah Oury, Aliou Bah… de la haute Guinée avec Alpha Condé, Ousmane Kaba, Lansana Kouyaté… et de la Guinée forestière avec Kiamou Bogola, Papa Koly etc…
Cette répartition des voix, je suis conscient est souvent minimaliste car l’exclusivité revient souvent au principal candidat. Mais tout de même, des voix lui échappent ce qui traduit ici la non exclusivité de l’obtention des voix d’une communauté.
Chercher ailleurs devient donc un impératif. C’est à ce niveau qu’il devient important de prôner le guinéen supranational qui vote pour un autre guinéen. Si j’ai choisi les ethnies pour démontrer ce raisonnement, c’est parce que non sans vouloir occulter le fait ethnique, mais il faut avoir d’abord un guinéen qui pense, respire et vit Guinée avant ethnie. Les politiques ont aussi à y gagner.
Le CNRD, une épine aux pieds des politiques :
Le guinéen est conscient de l’erreur de précipitation commise au temps du CNDD.
Il se sent parfois responsable de son laxisme dans cette situation en ayant laissé les politiques le traîner dans cette course vaille que vaille.
Pour se rattraper, elle reste passive. Et s’abstient de mettre la pression sur ses autorités actuelles car une nouvelle course peut nous conduire au même résultat. De plus, la liesse autour du Colonel Mamadi Doumbouya et ses hommes est difficile à braver.
En ayant dit « nous sommes tous responsables » de la situation de la Guinée, chacun s’abstient donc de le brusquer.
Si jusque-là la « faute » de notre situation revenait Ahmed Sékou Touré, Lansana Conté, Alpha Condé, Moussa Dadis Camara, Sekouba Konaté, avec Mamadi Doumbouya, même l’opposition a aussi sa part de responsabilité.
Pour ne donc pas être indexé, chaque candidat joue la carte de l’observation et compte sur l’humeur du peuple. Ce dernier qui par ailleurs semble conquis par les multiples nominations gouvernementales.
De plus en plus de voix se lèvent au niveau de l’UFDG pour une organisation rapide des élections afin de profiter de la désorganisation de l’agonie du RPG sans candidat charismatique, de la reconstruction d’un UFR démembré par le RPG et de l’exil du PEDN. De l’autre côté, on semble ne pas être pressé car le temps profite à l’organisation et ou à la réorganisation.
Dans une situation pareille, mettre la pression sur le CNRD afin d’aller vite aux élections, peut être mal interprétée. Le silence peut donner la latitude au CNRD de prendre tout son temps.
En plus, vite aller aux élections ne donne aucune certitude de les remporter car la politique n’est pas une science exacte. Les outsiders, ça existe.
Du temps pour mieux se positionner non plus car il est difficile de rassembler un peuple très méfiant de ses politiques surtout quand on a travaillé avec l’ancien régime ou quand on apparaît comme l’enfant chéri qui ne participe à aucune corvée de la maison.
Lucien Blémou
Communicant publique, politique et politiste.