Le canari en péril : quand la modernité étouffe un savoir-faire ancestral

À l’heure où la modernisation transforme les habitudes de consommation, certains objets traditionnels peinent à survivre. C’est le cas du canari, ce récipient en argile longtemps prisé pour conserver l’eau fraîche, mais désormais relégué au rang de souvenir dans de nombreux foyers guinéens. Mercredi dernier, notre reporter est allé à la rencontre d’un acteur de ce secteur en déclin, Issiaga Soumah, vendeur de canaris à Conakry.

« Aujourd’hui, le marché est morose. Les clients se font rares. Autrefois, ils venaient nombreux et régulièrement. Désormais, même ceux qui viennent discutent longuement les prix », explique Issiaga, avec une pointe de nostalgie. Pour lui, la désaffection du public s’explique par l’essor des équipements modernes de réfrigération : « Avant, dans les villages, tout le monde buvait l’eau du canari. Maintenant, c’est l’eau glacée du congélateur qui a pris le dessus. »

Au-delà de la perte culturelle, le vendeur pointe également du doigt les conséquences sanitaires : « Beaucoup de gens souffrent aujourd’hui de ballonnements et de troubles digestifs à cause de l’eau trop froide. Le canari, c’est plus qu’un simple objet : c’est un allié pour la santé. » Et d’ajouter : « Certains ne voient dans le canari qu’un récipient pour préparer des remèdes traditionnels, mais il a bien plus d’usages au quotidien. »

Malgré son attachement à ce patrimoine, Issiaga Soumah se heurte à des réalités difficiles : manque d’espaces de stockage, vols fréquents et absence de site de vente sécurisé. « Nos conditions de travail sont précaires. Nous n’avons ni magasin, ni véritable emplacement fixe. »

Conscient du rôle que joue le canari dans la culture et la santé, Issiaga lance un vibrant appel : « Je demande à tous les Guinéens de valoriser notre patrimoine. L’eau de canari est bénéfique pour la santé. Si on l’utilise régulièrement, on peut réduire les risques de certaines maladies à 80%. » Avant de conclure : « J’en appelle aux autorités : accompagnez-nous dans la sauvegarde de ce métier. Ce n’est pas qu’un commerce, c’est un pan de notre identité. »

Entre traditions oubliées et modernité imposée, les vendeurs de canaris, comme Issiaga, tentent de préserver un héritage qui ne demande qu’à revivre.

Mohamed Diallo pour Planete7.info 

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