La vérité au sujet du couple de barrage Kogbèdou – Farankonédou (communiqué Guiter SA)
Le Groupement GUITER SA – SINTRAM constate qu’il y a des semaines maintenant que Kankan, la capitale de la Haute Guinée, est devenue le théâtre de manifestations de rue récurrentes, sur fond de revendication d’amélioration immédiate et conséquente de la desserte de l’électricité de la ville.
Les manifestants, constamment relayés par des médias, sont visiblement découragés par les insuffisances montrées par le thermique, voire les groupes électrogènes mis à disposition et ont vite fait d’exiger dans la foulée la construction d’un barrage hydroélectrique.
Laquelle, au-delà de la Cité Nabaya, selon eux, pourrait desservir une bonne partie des préfectures de Kérouane-Kankan-Mandiana-Siguiri-Kouroussa-Dinguiraye-Dabola-Faranah et Kissidougou, des localités données pour faire partie des fiefs traditionnels du parti politique au pouvoir.
Dans les faits, il se trouve qu’une étude complète a été validée auparavant par un atelier qui a regroupé différents Ministères à l’hôtel Kaloum, sur le Projet de construction d’un couple de barrage sur le fleuve Milo, à savoir Kogbèdou et Farankonédou, avec une capacité d’environ 100 MW, et un coût d’environ 397 millions dollars US (hors frais de financement).
Des images se rapportant audit couple de barrage avaient même été véhiculées sur la télévision d’Etat, la RTG, à travers un reportage d’un journaliste de la boite.
En comparaison d’autres coûts, tel celui proposé en novembre 2015 par la société China Energie Groupe Construction (GHCB) pour le couple de barrages Kogbèdou-Farankonédou à environ 645 millions USD (hors frais bancaires et autres) et le barrage FOMI dont le coût par l’entreprise chinoise est d’environ 700 millions USD, il devient évident que le couple Kogbèdou-Farankonédou est plus que susceptible d’être le projet rentable.
Le Groupement GUITER SA – SINTRAM a non seulement réussi à optimiser le coût, il a en plus dopé la puissance potentielle du Projet de plus du tiers. Cela est parfaitement visible lorsqu’on compare les résultats de ce qu’a proposé Tractebel, un bureau d’Etude de barrages, pour le Projet réduit au seul ouvrage de Kogbèdou. La solution apportée pour Kogbèdou par le Groupement est non seulement moins coûteuse mais augmente de 50% sa puissance installée.
Le Groupement a aussi établi les études environnementales et les a portées jusqu’à leur approbation par le CTAE. Ce résultat, nul de ceux qui s’étaient proposés auparavant à la réalisation de ce Projet, ne l’avait obtenu. D’ailleurs, la population en a été informée et encore récemment des réunions de restitutions ont été organisées.
Pour des raisons échappant sans doute au citoyen lambda, la mise en œuvre de ce couple de barrage a été brutalement stoppée, sans qu’il n’ait été nécessaire de la part de qui de droit, en l’occurrence l’Etat guinéen, incarné par le Gouvernement, d’en donner les raisons suffisantes, sinon se pencher sur d’éventuelles justifications.
De fil en aiguille, ce qui aurait dû se limiter à un simple débat autour d’une demande sociale, il est vrai des plus pressantes, s’est mué en un autre des plus vifs sur les raisons justement qui ont prévalu à l’arrêt du Projet de construction des barrages de Kogbèdou et Farankonédou, devenue comme une bouée de sauvetage.
D’aucuns, en empruntant sans doute des raccourcis, ont semblé plutôt pointer un doigt accusateur sur un important opérateur économique de la place. Ce qui, du reste, est fort dommageable. C’est pourquoi, en vue d’éclairer la lanterne des uns et des autres, il est apparu vite nécessaire de rétablir quelques vérités sur ce qui a tout l’air d’emprunter les chemins tortueux de la désinformation, voire d’une politisation outrancière quasi-inutile.
C’est ainsi qu’en se fondant sur la chronologie des événements, des faits, sur le contenu surtout de certains documents hautement importants, tranchant avec pas mal d’insinuations et de contre-vérités, tels la Lettre de Manifestation d’Intérêt du 28 décembre 2015, les Protocoles d’Accord du 09 mars 2016 et du 10 juin 2016, la Convention de Concession incluant un Contrat d’achat de l’Energie du 23 février 2017, il est facile de parvenir à la conclusion d’un mauvais procès fait, à dessein ou non, à la Société Travaux Maroc Guinée (TRAMAG), Société de projet de droit guinéen, émanant du Groupement SINTRAM – GUITER à l’origine du Protocole d’Accord.
Pour bien cerner les choses, il importe avant tout de comprendre que ce Projet de construction du couple de barrage Kogbèdou – Farankonédou n’est pas tombé dans les mains du Groupement SINTRAM – GUITER comme par enchantement ou miracle.
Au-delà de la motivation d’un opérateur soucieux de servir son pays, surtout sa région natale, il y a absolument l’existence d’un Groupement qui s’est soumis à l’esprit et à la lettre d’une loi, en l’occurrence la loi guinéenne sur le BOT. Loi/97/012/AN du 1er juin 1998, cette loi a été ratifiée par le Parlement guinéen. Elle autorise le financement, la construction, l’exploitation, l’entretien et le transfert d’infrastructures de développement par le secteur privé.
Dans le cas particulier de Kogbèdou- Farankonédou, il convient de préciser d’emblée qu’il n’est dit nulle part dans les documents élaborés à cet effet qu’un Appel d’Offre devait donc être lancé ou qu’un fils prodige de la région aurait remporté la mise pour la construction d’un barrage hydroélectrique.
Au risque de se répéter, il convient donc de souligner que pour la petite histoire, c’est depuis juin 2016 qu’il s’est engagé un Protocole d’Accord entre le Groupement SINTRAM – GUITER et le Gouvernement guinéen en vue d’étudier la faisabilité du Projet de couple de ce barrage. C’est évidemment sur la base de la loi BOT, induisant l’élaboration d’une « Manifestation d’intérêt », que de profondes discussions se sont par la suite engagées entre les Parties en vue de parvenir à des obligations contractuelles, suivies de signature de Convention de Concession.
Le Groupement SINTRAM – GUITER, convient-il de le préciser, a été en mesure d’apporter une solution optimisée et meilleure que les conceptions antérieures, solution du reste adoptée par le Gouvernement de Guinée.
Et c’est donc en conformité avec la Loi et les Termes du Protocole d’accord, que la Convention de concession et le Contrat de vente de l’énergie ont été négociés directement et signés le 23 février 2017. Si l’Etat guinéen en est arrivé là, ce n’est nullement fortuit.
Ayant en projet la construction de plusieurs centaines de micro-barrages (300) dans le pays profond, il a choisi de donner ainsi un contenu concret au Partenariat Public Privé (PPP). En vertu duquel, tout Privé après accord peut se charger de la recherche de financements, le plus souvent à travers des Institutions bancaires en jouant de sa crédibilité et en prenant le risque de construire et gérer pendant longtemps le Projet à ses frais, l’Etat se portant lui en quelque sorte garant de l’investissement.
Sans vouloir les décortiquer toutes ici, à savoir ces différentes obligations contractuelles et conventionnelles, surtout que des clauses de Confidentialité existent, disons que Dieu seul sait qu’il y en de précises et de nettes dans les documents paraphés et validés. Le plus important étant sans nul doute de s’appesantir pour la circonstance sur ce qui va plutôt freiner l’élan de construction des barrages de Kogbèdou et de Farankonédou.
Sans tourner autour du pot, il s’avère que le nœud du problème ou du blocage constaté en ces moments sur les lieux de construction des barrages est consécutif aux pressions et aux exigences du Ministère de l’Energie, pour baisser le tarif contractuellement arrêté. Cette exigence du Ministère arrive non seulement à contre-sens d’un strict respect des obligations contractuelles et conventionnelles, mais surtout à un bien mauvais moment. Etant donné que la Banque Islamique de Développement (BID), fortement sollicitée du côté des partenaires privés, exigeait de son côté qu’une autre société spécialisée en exploitation vienne se joindre à la chaine des actionnaires de TRAMAG. Cette société est d’origine norvégienne, en l’occurrence SN Power, filiale d’un fonds souverain public.
Comme un gros grain de cheveu dans la soupe, la machine de financement va donc vite attraper une grosse grippe. Etant donné que les études techniques du Projet avaient été réalisées et restituées au mois de juin 2018, et que d’importants travaux d’approche ayant nécessité de gros investissements avaient d’ores et déjà été effectués, sans compter la sélection d’équipements de stature internationale.
Face à ce qui remettait nettement en cause les équilibres du Projet de construction, dans l’entendement des partenaires privés, il fallait sans doute ouvrir de nouvelles discussions pour espérer faire bouger les lignes. N’eut été la survenue de la pandémie du COVID, en début de cette année 2020, le Groupement GUITER SA – SINTRAM pense que pas grand-chose ne s’opposerait théoriquement à l’ouverture desdites discussions, auxquelles il est totalement ouvert.
La bonne nouvelle surtout, c’est qu’il semble qu’il ne soit pas trop tard pour parvenir à un compromis. Etant donné qu’entre-temps, une vive revendication sociale est venue se greffer à ce qui ne devait au départ être fondé que sur la loi du BOT, définie plus haut.
Le Groupement, il faut insister là-dessus, n’a absolument rien à avoir avec cette revendication et ne saurait nullement s’en réjouir. Il entend s’en tenir strictement aux Accords avec le Gouvernement. A celui-ci donc, tout en sauvegardant les acquis de terrain, d’en apprécier la pertinence.
Au-delà des discours politiciens, dans lesquels d’aucuns tentent vainement de trouver des boucs émissaires, au pire de trouver à l’occasion des ennemis invisibles au régime en place, le Groupement croit qu’il faudrait plutôt bien voir les choses en face, dans la seule logique bien entendu d’un partenariat fructueux et fécond.
Sans doute, bien d’autres projets attendent dans les tiroirs du Gouvernement. Il ne faut donc pas décourager de quelle que façon que ce soit de potentiels bailleurs de fonds, susceptibles à eux-seuls de donner un sens véritable à la loi du BOT.
Au Gouvernement guinéen d’expliquer peut-être aux manifestants revendiquant la construction d’un barrage hydroélectrique du côté de Kankan qu’il s’était certes projeté dans l’avenir avec sa volonté de construction de barrages dans les différentes régions du pays, mais que les circonstances ne l’auraient pour le moment pas permis.
Par ailleurs, en guise de suggestion, et vu l’urgence pour le Gouvernement de démarrer la construction du couple de barrage Kogbèdou-Farankonédou, dont la puissance pourrait alimenter les neufs (9) villes des régions de Kankan et Faranah, le Groupement GUITER SA – SINTRAM pense qu’une prise en charge immédiate des coûts du Génie civil par le Gouvernement pourrait résoudre les préoccupations d’optimisation du tarif, facteur bloquant le bouclage du financement et donner satisfaction aux deux régions par un démarrage effectif des travaux de Génie civil courant août 2020.
Conakry, le 27 juillet 2020
Pour le Groupement GUITER SA – SINTRAM
Ansoumane Kaba, PDG GUITER SA