Elle sauva le manuscrit « Sois et Lutte. Editions Patrice Lumumba, Conakry, 1985 (Recueil de Poèmes) du Poète de l’amour et de la Douleur.
Prix Paterson de la fondation Félix Houphouët Boigny en Avril 1985 à Grand Bassam. (Côte d’Ivoire)
Néné Salamata Barry, » Mama » s’en est allée, Vingt Sept ans après son illustre époux, Camara Kaba 41, le Poète de l’amour et de la douleur, aussi, Cinq ans après son fils, Alimou Camara. Un esprit brillant, un critique littéraire Africain, un iconoclaste très respecté dans le landerneau littéraire Parisien, Professeur à l’Université de Créteil (France).
Cette femme donnait de la lumière qui irradiait la demeure du poète, rendait heureux de nombreux, poètes, écrivains, diplomates des pays de l’Est et occidentaux, surtout les Conseillers Culturels des ambassades et journalistes, qui côtoyaient le poète essayiste, auteur de : « Dans la Guinée de Sékou Touré : Cela a bien eu lieu ». Une préface d’Hélène JAFFE – Introduit par Alimou CAMARA. Editions Harmattan. Paris. 1998.
Cette brave femme était attentive à la création littéraire de son époux. A l’instar de tant d’intellectuels Guinéens de l’époque, le poète, jeune Capitaine de l’armée Guinéenne, fut embastillé pour le Camp Boiro, où il passa dix ans de sa vie.
« Ce séjour Carcéral aiguisa d’avantage sa plume et rend pertinent sa perception du monde ».
Ecrivait le poète guinéen feu Roger Goto Zomou.
Au demeurant, en 1971, lorsque les soldats sont allés pour arrêter le poète, ils se sont rués sur sa bibliothèque emportant avec eux un manuscrit, le » Sourire de la Douleur ».
Constatant cela avec finesse, Mama, réagit méticuleusement pour sauver le second :
« Quand j’ai vu les militaires s’acharner sur la Bibliothèque, avec une haine indescriptible, s’emparer étonnement de toutes les collections de livres en dorures, j’ai déposé ma fille de six mois (Mariam Ciré) sur la chemise contenant le recueil « Sois et lutte ». Puis, j’ai rapidement pris un pagne, pour l’enrouler et la porter au dos, ils n’ont rien vu et compris, ils sont partis avec l’autre manuscrit et les beaux livres de mon mari ».
Me confiait-elle lors d’un tournage pour le compte de Papier Plume Parole, d’un documentaire, portrait sur le poète de l’amour et de la douleur ce, suite à sa brillante victoire littéraire en Côte d’Ivoire.
Il y a de cela trente-sept ans !
Résultat, grâce à elle, cette belle œuvre poétique qui est un maillon fort de la renaissance littéraire guinéenne en 1985 vit le jour car, c’est dans ce recueil qu’est tapie le célèbre poème « Soweto ma Douleur ».
Par ce geste anodin, elle s’est illustrée à sauvegarder pendant dix ans la mémoire d’un pan de la littérature Guinéenne d’expression Française.
Cette Sédianké, issue de la noblesse du Fouta Djallon (Dalaba), d’un père, fonctionnaire colonial, avait un sourire lumineux et contagieux, faisait-elle sourire à son tour tous ceux qui croisaient son regard. Elle était tout simplement une Phèdre qui nous avaient ouvertes grandes les portes de la demeure du Poète à Sangoyah.
Mama, les voies du seigneur sont insondables. Allez, rejoins mes amis poètes Camara Kaba 41 et Alimou Camara, ils ont certainement tressé dans l’encolure des cieux, des guirlandes pour t’accueillir dans le royaume céleste avec une douceur sublime qui sied à toi toute la grandeur d’une fervente croyante attachée aux principes de la foi religieuse : Musulmane.
Mama, merci d’avoir sauvé « Sois et lutte », qui est désormais incontournable dans le domaine du patrimoine littéraire guinéen, africain, Francophone.
Pour nous, littéraires, ce geste anodin te place dans la postérité du cheminement littéraire de ce livre, dont la renommée dépasse les frontières guinéennes et africaines.
Mohamed Salifou Keita
Est un Écrivain Critique littéraire et poète, il est aussi l’un des plus grands spécialistes de la littérature Guinéenne d’expression Française et un journaliste de renom.