Depuis quelques jours, des fondateurs d’universités privées plaident en faveur du retour à l’ancienne méthode consistant à orienter une partie des bacheliers dans leurs institutions.
La très bonne question qu’il faut se poser aujourd’hui est: pourquoi cette décision a été prise par l’Etat en 2018, après plus d’une décennie d’expérience?
En 2017, le recensement biométrique des étudiants a permis à l’État de déceler près de 30.000 fictifs dont l’essentiel se retrouvait dans les universités privées.
De connivence avec des fondateurs, des cadres véreux de l’administration gonflaient, en contrepartie d’un pourcentage bien sûr, le nombre d’étudiants devant être orientés dans certaines universités privées. À vrai dire, c’était un véritable business entre certains fondateurs et des cadres de l’Administration qui préféraient se servir plutôt que de servir l’Etat.
Il a fallu l’arrivée et l’audace du Ministre de l’Enseignement Supérieur d’alors, il faut le reconnaître, Monsieur Abdoulaye Yéro Baldé, pour endiguer cette saignée financière. Une décision qui avait et continue de susciter des réactions de la part des fondateurs d’universités privées.
Des notes de cours des bacheliers étaient gonflés par des fondateurs pour que la capacité d’accueil des universités publiques soit dépassée. Et une fois cela, le Département en charge de l’Enseignement Supérieur était contraint d’orienter une partie des étudiants dans les Institutions d’Enseignement Supérieur privées. C’est ce qui a même conduit, en 2017, à la suppression des moyennes de cours au Bac.
Cette pratique était si juteuse que des universités privées poussaient de terre chaque année comme des champignons. Mais depuis que l’Etat a pris la décision de ne plus orienter de bacheliers dans ces universités privées, par manque de management et d’enseignement de qualité, plusieurs d’entre elles ont fermé portes et fenêtres.
Cette année, selon certaines sources, d’importantes mesures ont été prises pour permettre aux universités publiques d’accueillir l’ensemble des bacheliers admis.
Somme toute, ce serait un grand recul aujourd’hui de revenir sur cette importante réforme.
À souligner de passage que le Ministère de l’Enseignement Supérieur n’empêche aucun bachelier d’aller s’inscrire, aux frais de ses parents bien entendu, dans une université privée de son choix.
Sayon Mara, juriste