Fodé Kaba Tounkara : « Le multipartisme menace l’unité sociale dans une société multi-ethnique »

Fodé Kaba Tounkara, président du mouvement Guinée Univers – Les Peuplecrates, dévoile une vision politique audacieuse pour transformer le paysage politique guinéen. Lors d’une interview exclusive, il a présenté la « peuplecratie », une doctrine qu’il ambitionne d’institutionnaliser pour transcender les clivages ethniques et politiques qui divisent la Guinée depuis des décennies.

« La peuplecratie, c’est une nouvelle approche politico-gouvernance que nous avons conçue pour réorganiser la vie politique guinéenne », explique-t-il. L’objectif est clair : fédérer les partis politiques et mouvements en deux blocs principaux. Le premier, les Peuplecrates, rassemblerait des forces unifiées autour d’une gouvernance axée sur l’intérêt national. Le second, les Démocrates, regrouperait les partis adhérant à des principes démocratiques.

Pour Fodé Kaba Tounkara, ce modèle bipolaire est une nécessité. « Nous devons dépasser la fragmentation actuelle et construire une Guinée où les citoyens se rassemblent autour de visions claires, plutôt que d’appartenances ethniques ou communautaires. »

L’homme politique ne mâche pas ses mots lorsqu’il évoque le multipartisme. « Dans une société multi-ethnique, le multipartisme représente une menace pour le tissu social », affirme-t-il. Selon lui, les divisions politiques en Guinée sont exacerbées par l’ethnocentrisme, une tendance profondément enracinée qui compromet l’unité nationale.

Depuis l’indépendance, les rivalités ethniques et communautaires ont constamment alimenté les tensions sociopolitiques. « Ces divisions biaisent les positionnements politiques sur toutes les grandes questions et empêchent une gouvernance efficace et équitable », déplore-t-il. La peuplecratie, estime-t-il, serait une réponse structurelle à ce défi.

Conscient que la mise en œuvre de ce projet nécessitera un accompagnement institutionnel, Fodé Kaba Tounkara sollicite l’implication directe de l’État. « Je souhaite rencontrer le président de la République, le général Mamadi Doumbouya, pour discuter de l’institutionnalisation de cette vision. C’est un projet d’intérêt national qui nécessite le soutien des autorités », précise-t-il.

Il insiste sur le fait que la peuplecratie pourrait devenir un socle de stabilité et de progrès en Guinée, en réduisant les antagonismes partisans et en favorisant une gouvernance orientée vers le bien commun.

Cependant, cette proposition suscite des interrogations. Certains analystes politiques redoutent qu’une telle bipolarisation limite la diversité des opinions et restreigne le pluralisme démocratique. D’autres voient dans la peuplecratie une opportunité de dépasser les blocages traditionnels et de renforcer l’unité nationale.

Pour Fodé Kaba Tounkara, l’urgence est d’agir. « Nous ne pouvons plus nous permettre de rester prisonniers de logiques partisanes et ethniques. La peuplecratie est une solution pour bâtir une Guinée forte, inclusive et prospère. »

Le défi pour Fodé Kaba Tounkara sera de convaincre aussi bien les acteurs politiques que les citoyens de la pertinence de sa vision. Dans un pays où le pluralisme politique est souvent perçu comme un acquis démocratique, la peuplecratie devra prouver sa capacité à concilier efficacité politique et respect des libertés.

En Guinée, où les enjeux sociopolitiques restent complexes, l’initiative de Fodé Kaba Tounkara ouvre un débat crucial : comment réconcilier diversité ethnique et unité nationale ? Une question qui, au-delà des idéologies, demeure au cœur des préoccupations collectives.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info