Il est 10H du matin. Le début d’une journée de manifestation appelée par les opposants au régime, réclamant l’exercice d’un droit constitutionnel.
Une autre journée incertaine et longue vient de commencer. A peine sortie du lit, tu risques d’en revenir car tu es condamné à y rester puisque tu n’as nulle part où aller ce jour-là de peur d’être pris en partie par les forces de l’ordre.
Tu pars en cuisine et soudain, tu entends un bruit. Quelqu’un fonce et force le portail de votre cours. En une minute, tu vois des hommes en tenue devant toi, l’un t’administre une paire de gifle, l’autre renverse le repas sur le feu, le suivant pisse dessus.
Comme cela n’est suffisait pas, ils pénètrent votre maison, envahissent votre intimité. Ils ne s’arrêtent pas à cela, ils insultent vos parents, les traitent d’étrangers et de saboteurs du pouvoir actuel.
Irrité, votre frère qui se lève pour réagir est violenté devant vous. Ils vous arrachent tous vos biens et embarquent votre frère pour une destination inconnue. Dix minutes plus tard, vous entendez des cris chez le voisin. Vous partez vérifier, vous trouvez son enfant à terre noyé dans une marée de sang suite à une balle lancée comme un Dieu en colère.
Quelques heures après, il succombe à l’hôpital. Pour enfoncer le clou, le corps sera confisqué pendant deux, trois voire quatre avant d’être inhumé entre les gaz lacrymogènes et les sifflements des balles réelles.
Dans la soirée, vous faites le tour de plusieurs commissariats avant de retrouver votre frère. On vous exige de payer une caution (centaine de mille) pour sa libération.
N’ayant aucun choix, vous exécutez. Impuissant vous maîtriser votre colère.
Le lendemain, vous attendez certains vous dire: Que vous aimez manifester et que les forces de l’ordre faisaient un maintien d’ordre. Comme si votre domicile en fait partie du trottoir où se maintien ce soit disant ordre.
Criant votre rage face à cette injustice, cet abus, vous êtes accusés de pleurnichards. Vous aimez vous victimiser. Vous êtes taxés d’ haineux, d’éternels opposés.
Comme si à leur place, ils feront une fête pour remercier les artisans de cette injustice.
Ceci n’est ni un conte, ni une imagination. C’est bien la réalité, le dur quotidien des citoyens de Ratoma, depuis plusieurs années.
NB: on n’extériorise pas son mal pour chercher de la compassion mais plutôt pour évacuer son chagrin.
Le silence renforce la douleur et la parole libère l’âme.
Ils sont vraiment dignes.
Imrana Diallo citoyen indigné Onetopic84@gmail.com