Détention préventive prolongée : une véritable plaie qui gangrène le système judiciaire guinéen !

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Quand le juge d’instruction possède des indices sérieux de la culpabilité d’un suspect, il peut l’inculper, c’est-à-dire l’accuser d’une infraction. Le suspect est alors emprisonné avant d’être jugé par un tribunal. Il n’est pas condamné, il est toujours présumé innocent mais le juge estime qu’il doit le priver de liberté, préventivement, pendant la durée de l’enquête. Il peut le décider pour différentes raisons : parce que le suspect pourrait être dangereux pour la société et donc pour éviter de nouvelles infractions, parce qu’il pourrait faire disparaître des preuves, parler avec des complices ou s’enfuir.

La question que plus d’un guinéen se posent aujourd’hui est de savoir si l’honorable Amadou Damaro Camara, le Premier Ministre Dr Ibrahima Kassory FOFANA, Dr Mohamed DIANE, Messieurs Souleymane TRAORE, Oyé Guilavogui et autres, seraient-ils de ce cadre de figure susvisé pour qu’ils soient privés de liberté pendant tout ce temps ? Ne pourrait-on pas les placer sous contrôle judiciaire et laisser la justice suivre son cours normal ? Sont-ils dangereux pour la société au point de les enfermer pour éviter qu’ils commettent de nouvelles infractions ? Pourraient-ils faire disparaître des preuves ou pourraient-ils s’enfuir ?

Qu’est-ce qui empêcherait aujourd’hui la justice guinéenne de libérer ces hauts cadres détenus pendant plusieurs mois ? Pourquoi ne pas les placer sous contrôle judiciaire et laisser la machine judiciaire suivre son cours normal ?

À défaut de placer ces anciennes figures du régime du Professeur Alpha CONDE écrouées à la maison centrale depuis plusieurs mois maintenant sous contrôle judiciaire, on espère que leurs dossiers seront promptement diligentés pour éviter à notre pays la situation que nous vivons aujourd’hui qui n’honore pas du tout notre patrimoine commun. D’ailleurs, qu’est-ce que notre pays fait du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques qu’il a lui-même ratifiés, qui dispose que : « tout individu arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un Juge et devra être jugé dans un délai raisonnable ou libéré ? »

Les autorités de la transition, comme je l’ai dit dans l’une de mes tribunes, devraient tenir compte des rangs et services rendus par ces hauts cadres à un moment donné de l’histoire de notre pays. Et il faut surtout refuser que la culture de l’humiliation de l’ancien soit instituée dans nos valeurs sociétales.

Je termine par cette citation du Béninois, Monsieur Hubert Maga, qui dit ceci : « Il n’existe que des intouchables de l’instant, des timoniers du temps, des maîtres du moment. Le temps est le maîtres de tous les maîtres. Il faut rire de tout. Mais devant les grandes décisions de la vie, réfléchissez à hier et pensez à demain. Parce que la nature, dans sa comptabilité, est incorruptible et aucune facture ne restera impayée. La nature est juste. »

Sayon MARA, juriste

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