Burkina Faso : La chute du colonel Paul Damiba – Quelle responsabilité de la CEDEAO ! (P. Moussa Diawara)

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Ouagadougou, Vendredi 30 septembre, à l’aube et contre toute attente des tirs nourris à l’arme lourde sont entendus dans la capitale. Apparemment, l’armée est à la manœuvre, prenant tous les points névralgiques allant du palais présidentiel Kosyam au siège de la radio-télévision d’état.

Manifestement, il n’y a eu aucune résistance et le colonel Paul Damiba, Président de la Transition, arrivé au pouvoir en janvier 2022, reste introuvable, les rumeurs lui donnant retranché entre son palais encerclé par les putschistes et l’ambassade de France à Ouagadougou.

Mais, pourquoi la chute du colonel Paul Madiba ? Comment en est-on arrivé là ?

En effet, les motivations du coup d’état de janvier 2022 ayant mis un terme au pouvoir de Marc Christian Roch Kaboré étaient essentiellement d’ordre sécuritaire lié à l’incapacité du régime déchu de combattre le terrorisme islamiste ou le djihadisme faisant des centaines de morts civils et militaires dans le pays.

Erreur de stratégie, naïveté ou objet de manipulation de la CEDEAO, le colonel Damiba s’écarte totalement de l’agenda sécuritaire préoccupant de son pays et pour lequel il a pris le pouvoir, pour plaire à la CEDEAO et à une certaine communauté internationale qui le considèrent comme le meilleur élève parmi les trois transitions militaires de la sous-région. Démagogie quand tu nous tiens !

Avec la chute du colonel Paul Madiba, pour ceux qui en doutaient encore, la preuve est désormais établie que les solutions proposées, du moins imposées par la CEDEAO aux pays membres sont une catastrophe, des remèdes inappropriés et en inadéquation profonde avec les intérêts des peuples souverains.

A vrai dire, même en se fiant à son objectif strictement économique la CEDEAO est un échec pour les pays membres qui commercent moins entre eux (5% à 10%) qu’avec l’Europe, l’Asie, l’Amérique (90% à 95%). De ce point de vue, elle est devenue obsolète et doit se réinventer pour faire face aux enjeux sécuritaires du moment qui minent et menacent la stabilité de la sous-région, sans laquelle l’ordre politique, démocratique, économique, social… n’existe pas.

Comme on l’a bien écrit dans notre précédente livraison, si des mesures de rectification ne sont pas prises, en laissant aux États membres la solution locale à leurs problèmes, la présidence d’Embalo risque d’emballer la sous-région ouest-africaine avec une désintégration de l’organisation.

« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », disait l’autre.

A rappeler que la CEDEAO n’est pas un État fédéral, ni un gouvernement sous-régional pour se mêler des affaires internes des pays membres, dicter sa volonté et imposer des recommandations comme solution magique.

Aujourd’hui, l’exemple du Burkina Faso montre et démontre aisément que la priorité du peuple burkinabé c’est la sécurité, la préservation, du moins la récupération de l’intégrité du territoire, avant toute préoccupation liée au retour à l’ordre politique, démocratique et constitutionnel ; obsession du syndicat des Chefs d’État de la CEDEAO plus préoccupés par les intérêts de leurs coquins, copains, poulains que le sort des populations ouest-africaines.

A propos, la chute du colonel Paul Madiba, si elle ne sonne pas le glas de la CEDEAO, affaiblit sérieusement l’influence de l’organisation sous-régionale.

Quoi qu’il en soit, en attendant de savoir un peu plus sur les orientations des nouvelles autorités du pays, il apparaît clairement dans le discours de prise du pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré que la priorité est et demeure la lutte contre le terrorisme et la récupération de l’intégrité du territoire burkinabé, 40% étant entre les mains des terroristes.

 

Paul Moussa Diawara, membre fondateur du CRAS

 

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