Boubacar Siddighy Diallo : « La Guinée a besoin de refondation, pas d’élections précipitées »

Dans une interview incisive sur l’émission Infrarouge, Boubacar Siddighy Diallo, président de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), a partagé une analyse profonde de la situation politique en Guinée depuis le coup d’État militaire.

Boubacar Siddighy Diallo s’interroge sur la logique derrière le coup d’État, pointant du doigt une contradiction majeure : « L’armée nous dit on va faire la refondation et tout le monde est d’accord avec le terme la refondation et subitement on se réveille pour dire quand est-ce qu’on va aller aux élections. » Pour lui, poser la question des élections sans avoir achevé la refondation trahit une incompréhension de la raison même du coup d’État.

Selon Siddighy, la refondation promise par l’armée est cruciale. Il fustige ceux qui réclament des élections précipitées sans avoir mis en place les fondements nécessaires : « Aujourd’hui, on n’a pas une constitution, on n’a pas une loi électorale, on n’a pas un fichier électoral, on n’a pas une institution d’organisation des élections. » Pour lui, réclamer des élections sans ces prérequis, c’est comme débarquer de Jupiter et poser des questions en étranger.

Le président de L’UMP critique sévèrement les partis politiques qui ont demandé un cadre de dialogue, puis s’en sont retirés, laissant le Conseil National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et la CEDEAO sans soutien. Il accuse également la CEDEAO de ne pas avoir tenu ses engagements financiers pour appuyer les réformes nécessaires : « La CEDEAO, s’est engagé à trouver les moyens qui vont à la satisfaction de ces différents points… ils nous ont envoyé aucun franc pour faire face aux exigences de ses 10 points. »

Pour l’UMP, les élections ne sont pas une priorité. Diallo insiste sur le développement avant tout : « Nous le temps c’est pas notre problème parce que la Guinée ne court pas vers la fin… Mais on court vers quoi on ne court pas derrière des élections l’UMP ne va pas gaspiller son énergie pour courir derrière des élections. » Il souligne que la Guinée a besoin de mécanismes solides et de lois garantissant une compétition électorale juste et sécurisée.

Siddighy dénonce l’incohérence de certains leaders politiques qui, hier, soutenaient Lansana Conté et aujourd’hui, réclament des élections immédiates : « Les mêmes leaders aujourd’hui qui demandent non seulement la limitation du nombre de mandats, qui demandent les élections, ces mêmes leaders étaient hier avec Lansana Conté… pourquoi les Guinéens sont comme ça, on est comme si vous droguer des gens et puis vous leur donnez un mot d’ordre et tout le monde court derrière ça sans réfléchir. »

Il met en garde contre les dangers des élections sans préparation adéquate, citant le risque d’affrontements communautaires et d’instabilité sociale : « En Guinée, élections veut dire affrontement, veut dire réplique communautaire, veut dire risque d’instabilité sociale et risque d’affrontement communautaire. »

Boubacar Siddighy Diallo appelle à une réflexion profonde sur les véritables besoins de la Guinée avant de se précipiter vers des élections. Pour lui, la priorité doit être donnée à la mise en place de fondations solides pour assurer un développement durable et une stabilité politique à long terme.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info