Balla Moussa Konaté sur la dégradation de nos routes : « Aujourd’hui, ce sont plus de 2000 véhicules/jour qui circulent sur certaines de nos routes… »

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Depuis quelques années en Guinée on constate la dégradation de nos infrastructures routières, aussi bien dans leur composante Routes Nationales (RN) que sur les voiries urbaines comme à Conakry. Le ministre en charge des travaux publics ne cesse de fermer des nids de poules un peu partout ou des fois même ce sont des tronçons entiers de route qui sont à refaire entièrement à moins de 5 ans des premiers travaux. Chose qui fatigue les citoyens en aggravant des embouteillages, y compris aussi l’État qui débloque constamment des fonds pour arranger ces routes.
Mais qu’est ce qui cause ces dérapages ? Comment s’y prendre et surtout quelle solution contre cette situation ?

La rédaction de Planete7.com a tenu à  rencontrer à travers un de ses reporters, un spécialiste de cette question pour une interview exclusive. Il s’agit de monsieur Balla Moussa Konaté, ingénieur en ponts et chaussées, chef d’entreprise en BTP. Lisez !

Vous êtes ingénieur, on constate beaucoup de dégradations sur la plupart de nos routes, à votre avis quelles sont les causes de cet état de fait ?

Quand nous avions eu notre indépendance en 1958, les routes existantes étaient de types coloniaux, quasiment non bitumées. À l’époque ceux-ci étaient adaptés aux circonstances du moment. Mais les infrastructures routières doivent évoluées non seulement avec le développement de l’industrie automobile qui de plus en plus permet de rentabiliser les transports routiers, en mettant en service d’une part des véhicules de plus en plus rapides et surtout des camions ayant des capacités importantes en poids lourd au service des particuliers, des entreprises publiques et privées de transport routiers afin de pouvoir drainer des flux denses de marchandises et de personnes en un laps de temps. Ce qui veut dire que la présence en masse des poids lourds dans nos circulations routières a son implication tres significative sur la résistance à donner à nos routes. Autrefois les camions cinq tonnes étaient vraiment des poids énormes. Aujourd’hui, il s’agit des poids de 30 tonnes et plus pour un seul camion. Ce qui exige que nos routes doivent conséquemment s’adapter à cette réalité irréversible pendant leur réalisation. Avant, il était rare de voir sur nos principales routes des trafics de 1000 véhicules/jour. Aujourd’hui, c’est plus de 2000 véhicules/jour qui circulent sur beaucoup de nos lignes de circulation. Particulièrement sur la route Conakry -Mamou, l’intensité de circulation atteint 3000 véhicules/jour, voir plus, avec un nombre important de poids lourds. Par conséquent, ces routes se doivent d’être construites par rapport à l’idéal de rationalité qui implique fortement leur résistance face aux multiples charges de trafic qui s’y passent. À défaut, ce sont ces nombreuses dégradations que nous enrégistrerons constamment. C’est une des causes principales qui détruit rapidement nos routes.

Quelle solution idoine aujourd’hui pour construire des routes qui résisteront aux temps et aux trafics ?

Dans notre pays c’est une particularité favorable qu’il pleut bien ici. Il ne pleut pas trop mais bien. Parce que plus y a des eaux, plus cela permet de raviver plusieurs autres composantes d’activités importantes dans notre pays. Savoir maîtriser ces eaux doit être la préoccupation non seulement du gouvernement mais surtout de nous les techniciens pour la bonne construction conséquemment de nos routes et des ouvrages d’assainissement à leur service.. Nos routes doivent être construites donc, entre autres en tenant compte de nos spécificités climatiques.

Mais comment le faire Monsieur Konaté ?

En Guinée et ailleurs, y a ce qu’on appelle la chaîne des valeurs pour que routes à construire répondent à notre attente de rentabilité dans la durée, en ce qui concerne les principales parmi elles, qui ne doit pas être moins de 30 ans de service. J’ai pu concentrer cette solution dans une formule canonique que j’appelle 4B+R.
Premier B: il faudrait que la conception soit conséquente de l’intensité futur de trafic et les autres données techniques indispensables. Deuxième B, consiste de bien construire la route. Si la conception a été bonne, il faudrait que la réalisation soit aussi à la hauteur de ce qui a été bien couché sur papier. Choisir une entreprise de construction qui est à la hauteur de l’enjeu. Ce choix doit être sans état d’âme. Il faudrait que la mission de contrôle commise à soit jouer le rôle de gendarme technique soit digne de ce nom et libre d’exercer son devoir dans le projet. Troisièmement B: bien exploité la route déjà réalisée. Quand une route est bien exploitée, c’est à dire dans les règles de l’art, elle peut effectivement répondre à l’attente des techniciens et dans la durée. Quatrième B: bien entretenir cette route. L’entretien d’une route ne veut pas dire n’intervenir que sauf à l’apparition des dégradations sur cette route. C’est plutôt en prévision de ces dégradations qu’il faudrait intervenir à temps, pour éviter la survenue des désordres à la phase précoce.

Quelles recommandations faites-vous pour que la route soit également moins risquée ?

Il s’agit de construire nos routes dans le respect rigoureux de règles basiques de la sécurité routière de façon constante. Nos principaux axes routiers en construction doivent garantir la sécurité routière jusqu’à la fin des moindres travaux de réalisation. Malheureusement ces routes en travaux ne cessent d’enregistrer des accidents de la route, parce qu’elles restent étonnamment muettes même après le passage du revêtement bitumineux. Une bonne route, c’est y compris la réduction permanente au maximum des risques d’accident de la circulation sur cette route.

Monsieur Konaté, Merci !

C’est moi qui vous remercie !

 

Entretien réalisé par Diarouga Aziz Baldé

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