Les effets pervers d’un dialogue à sens unique (Edito de Mamadou Dian Baldé)
Les partis politiques qui ont ouvert le bal de la série de réunions, initiées par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, avec les acteurs sociopolitiques dans le cadre des échanges relatives à la composition du CNT (conseil national de la transition), sont quasiment sortis du palais du peuple, ce mercredi, l’oreille basse.
Dans leur complainte, ces partis regrettent unanimement, aussi bien l’absence du ministre Mory Condé, à cette rencontre, que le caractère expéditif de la réunion. Qui ne s’est résumée qu’à un monologue du secrétaire général du département du MATD, sans aucune possibilité pour les acteurs politiques, d’exprimer leurs préoccupations.
De là, à clamer que ce dialogue à sens unique, n’a fait que trahir les intentions inavouées du CNRD, dans la mise en place du CNT, est un pas que les partis politiques ont vite fait de franchir. Voilà qui risque d’écourter la lune de miel entre ces formations politiques et la junte.
Les réunions de partage d’informations entre le gouvernement de transition et les acteurs sociopolitiques n’augurent pas d’heureux auspices. Si l’on s’en tient en tout cas au tollé suscité au sein de la classe politique par le manque de « sérieux », qui entourerait ces échanges.
L’absence du ministre Mory Condé à la rencontre avec les partis politiques n’aura fait qu’en rajouter à cette frustration.
Un impair que les partis assimilent à un manque d’égard à leur encontre. Sachant sans doute que les partis politiques refusent d’avaler la couleuvre, pour ce qui est de la clé de répartition des strapontins au sein du futur CNT, le ministre aurait préféré envoyer Dr Yamory Condé, en bouclier.
Un homme de l’ombre, qui a blanchi sous le harnais, au sein de ce département dont la gestion n’a pas été du tout catholique sous le président Alpha Condé. Ayant servi d’instrument de trucage des élections, avec la bienveillance d’une Ceni, qui avait le doigt sur la couture.
Face aux représentants des partis, Dr Condé est allé droit au but, en les conviant à accélérer la cadence, dans la désignation de leurs mandants au sein du futur CNT. Tout en leur conseillant de faire preuve de réalisme, afin d’éviter d’être mis devant le fait accompli.
« Ne donnez pas l’occasion qu’on vous impose des choix », a-t-il déclaré en substance.
Des propos qui sonnent comme un refus poli de toute possibilité d’élargir l’éventail du nombre de places attribué aux partis. Comme pour dire qu’ils devront se contenter des 15 représentants définis dans la charte.
Quitte à eux de voir comment se répartir ces strapontins, avant le 22 novembre date de clôture du dépôt des dossiers de candidatures.
Au sortir de cette réunion, certains acteurs politiques, visiblement déçus et amers, ont profité des micros des journalistes, pour déverser leur bile sur la junte. Tous persistent et signent de n’avoir rien appris de nouveau lors de cette réunion, boudée d’ailleurs par le ministre. Comme si le CNRD voulait juste amuser la galerie, en improvisant des rencontres.
C’est le cas de Aliou Condé, l’un des responsables de l’UFDG. Qui a laissé entendre que le cadre n’était pas du tout pratique pour accorder leurs violons. Il ne désespère pas néanmoins de l’issue heureuse de la transition, comme il l’a confié à la rédaction de FIM FM.
La journée du mercredi fut très intense pour le secrétaire général du MATD. En effet, après l’ouverture du bal avec les partis, Dr Yamory Condé a pris langue avec les organisations de la société civile, les religieux, les défenseurs des droits humains, entre autres. A tous, il a répété avec la régularité du métronome, que son département ne pouvait modifier le contenu de la charte de la transition. Comme si une constitution était un texte gravé dans le marbre.
A cette allure, des oiseaux de mauvaise augure parlent déjà d’une fin imminente de la lune de miel entre le CNRD et les acteurs sociopolitiques, notamment les formations politiques.
Mamadou Dian Baldé