Droits et préoccupations de la jeunesse: un jeune écrit au président Colonel Mamadi Doumbouya
Monsieur le Président de la République de Guinée.
Le contexte dans lequel vous lisez ce courrier est difficile pour l’ensemble de notre pays, et risque de durer encore plusieurs mois. Dans vos récents discours, vous avez appelé à l’unité de la Nation en réponse aux épreuves que nous traversons. Nous pensons que cette unité doit se faire en préservant et en préparant un avenir commun, au centre duquel les jeunes générations doivent être mieux prises en compte, valorisées et écoutées.
Monsieur le Président, vous le savez comme nous, la crise politique et sanitaire est sans précédent. Elle bouleverse notre société, exacerbe la précarité et renforce la vulnérabilité des jeunes. Les jeunes sont d’ores et déjà parmi les plus affectés par les conséquences sociales de la pandémie de Covid 19: au niveau mondial, plus d’1,5 milliards de jeunes ont été concernés ; des millions d’autres n’ont plus accès à la santé, parfois à l’alimentation ou encore aux loisirs, condition sine qua non de leur épanouissement. Et la crise va continuer d’affecter les jeunes dans les temps à venir : au total, ce sont 150 millions de jeunes supplémentaires qui risquent de se retrouver en situation de pauvreté dans le monde à l’horizon fin 2022 en raison des conséquences économiques de la pandémie de la COVID-19. En Guinée, la scolarité des jeunes a été bouleversée exacerbant souvent des inégalités préexistantes. De nombreux jeunes ont été exposés aux violences dans le cadre intrafamilial.
Cette crise révèle des faiblesses préexistantes mais elle peut être l’opportunité pour changer, évoluer.
Monsieur le Président, il faut sans tarder aller plus loin. Moi jeune de Guinée vous demande de porter une véritable ambition pour la jeunesse. Pour autant, la jeunesse n’occupe aujourd’hui qu’une place secondaire parmi les priorités de notre pays, tant sur le plan national que dans notre action internationale et diplomatique.
Cette vision rénovée et intégrée des droits des jeunes permettrait que les jeunes d’aujourd’hui ne soient pas laissés de côté, et deviennent des jeunes et citoyens actifs de demain. 10 ans avant la fin des Objectifs du Développement Durable, l’aide au développement et l’aide humanitaire doivent gagner en efficacité et en cohérence via l’approche par les droits de jeunes, aujourd’hui quasiment absente des orientations stratégiques de sa politique de coopération internationale.
Enfin, l’ambition pour la jeunesse de notre pays doit s’accompagner d’une action forte sur l’amélioration de la participation des jeunes aux décisions politiques et publiques qui les concernent. Ainsi, la Guinée doit soutenir davantage les organisations de jeunes dans les pays partenaires, qui sont souvent porteuses de changement vers des sociétés plus justes et plus durables.
Monsieur le Président, dans cette période difficile, nous pensons qu’investir pour la jeunesse et l’effectivité de leurs droits et affirmer une ambition claire en faveur des droits de jeunes est un cap qui participerait à l’unité que vous appelez de vos vœux.
Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.
Mamady Kansan Doumbouya journaliste