Cheick Alioune s’interroge: l’Armée guinéenne va-t-elle reprendre le pouvoir ?
La Guinée à travers son histoire a traversé d’énormes crises politiques, économiques, sécuritaires et sanitaires ce, de la problématique de l’indépendance à celle de la démocratisation et de l’alternance politique, en passant par les agressions rebelles et les épidémies tel que Ebola.
Par la force et la détermination du peuple, toutes ces crises ont été surmontées, avec le plus souvent des sacrifices énormes.
De toutes ces crises, il y a une qui a perduré et nécessité plus de sacrifices. Il s’agit du départ des militaires au pouvoir. Il faut rappeler que de 1984 à 2010, soit 26ans durant, la Guinée à été dirigée par les militaires dont la politique était fortement décriée et d’annoncée par l’opposition et les différents partenaires techniques et financiers de la Guinée.
Cette situation a fait de la Guinée un pays isolé sur le plan international donc, privée de plusieurs opportunités extérieures capables de stimuler son développement économique et l’émancipation de sa jeunesse.
Après plusieurs centaines de morts à l’occasion des manifestations de protestation, les militaires acceptent enfin de céder le pouvoir en 2010. Cette transition a suscité beaucoup d’espoir et d’enthousiasme. Une constitution consensuelle permettant de garantir la stabilité des institutions a été élaborée, certaines dispositions de cette constitution dont entre autres celle de la limitation du nombre de mandats présidentiels ont été verrouillées afin de garantir une alternance paisible et éviter les crises du passé.
Dix ans après cette victoire du peuple de Guinée, le président civil (Alpha Condé), qui autrefois incarnait l’espoir du peuple, devient son pire cauchemar. Il fait assassiner des centaines de jeunes opposants, il en emprisonne d’autres, et se met désormais dans une logique de confiscation définitive du pouvoir à travers la répression, la corruption, le tripatouillage constitutionnel et le baillonement des institutions.
Cet état de fait expose très malheureusement la Guinée à une possibilité de retour à la case départ.
J’ai mal pour mon pays.
Cheick Alioune