Nzérékoré connaît un nouveau tournant dans sa gouvernance locale. Par une décision lue à la télévision nationale le 10 mars 2025, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a démis Fassou Goumou de ses fonctions de président de la délégation spéciale de la commune urbaine pour faute lourde. Moins de 24 heures après l’installation de son successeur, l’ancien responsable communal est sorti de son silence ce mardi 11 mars, livrant sa version des faits sur les raisons de son éviction.
Fassou Goumou attribue son départ à des contraintes médicales. Revenant sur son état de santé, il explique qu’un accident survenu il y a quatre ans lui avait causé une fracture au pied, nécessitant un suivi médical prolongé. « Avant ma nomination, j’ai eu un accident qui m’a causé une fracture au pied. Après deux ans à la tête de la commune, la douleur est devenue insupportable à cause du fer implanté dans mon pied. J’ai donc sollicité une autorisation d’absence pour aller me soigner en Inde. Le préfet a transmis ma demande à la hiérarchie. »
Si son départ pour l’Inde a été validé par son ministère de tutelle, Fassou Goumou reconnaît avoir dépassé le délai d’absence autorisé, ce qui aurait motivé la décision de son limogeage. « L’autorisation accordée était de 25 à 28 jours. Mais en raison des recommandations médicales, j’ai dû prolonger mon séjour à un mois et deux semaines. À mon retour, j’ai appris la décision de mon remplacement. »
Loin de contester la décision, l’ancien président de la délégation spéciale se montre conciliant, admettant la légitimité de la sanction. « Je ne peux pas donner tort à l’autorité. La décision parle de faute lourde, et je l’accepte. Certes, j’étais en communication régulière avec le préfet et le gouverneur, mais s’il y a eu un problème de transmission, je ne peux leur en tenir rigueur. Ce sont les autorités. »
Affaibli physiquement, Fassou Goumou a tout de même assisté à la passation de pouvoir avec une posture de rassembleur.
Malgré son éviction, Fassou Goumou n’entend pas se retirer de la scène publique. Il affirme continuer son engagement à travers un mouvement de soutien au Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, qu’il avait initié durant son mandat. « J’ai réuni les présidents des délégations spéciales des sous-préfectures et des cinq préfectures pour structurer ce mouvement. Nous avons pour ambition d’étendre notre action dans les 73 communes urbaines et rurales de la Guinée Forestière. Être démis ne signifie pas tout arrêter. Je suis un citoyen, et je sais reconnaître ce qui est bon pour mon pays. Je reste coordinateur de ce mouvement, et nous allons poursuivre notre engagement. »
Fassou Goumou tourne donc une page, mais pas son combat. Son départ de la mairie de Nzérékoré marque la fin d’un mandat écourté, mais il entend rester un acteur influent dans l’arène politique et sociale locale.
Pépé Blaise Théa, correspondant à Nzérékoré pour Planete7.info
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.