Guinée : Activistes enlevés, justice muette – Ousmane Gaoual Diallo s’explique

Dimanche 24 février, Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports et porte-parole du gouvernement de transition en Guinée, était l’invité du Journal d’Afrique sur TV5 Monde. Face aux questions incisives du journaliste, il a tenté de justifier les disparitions et enlèvements qui ciblent des figures critiques du régime, notamment le cas récent de l’activiste Abdoul Sacko.

Mercredi dernier, Abdoul Sacko a été enlevé à son domicile par des hommes encagoulés, dont certains portaient des tenues militaires, selon ses proches. Ligoté, torturé, il a finalement été abandonné en pleine brousse, près d’un village à Forécariah, avant d’être retrouvé le lendemain. Cette affaire a provoqué un vif émoi dans l’opinion publique.

Interrogé sur cet événement, Ousmane Gaoual Diallo a tenté de minimiser la gravité de la situation. « Je suis heureux de savoir que Monsieur Sacko a été retrouvé vivant. Dès que nous avons appris l’information, une enquête judiciaire a été déclenchée », a-t-il assuré, sans toutefois donner de détails concrets sur l’avancement de cette procédure.

Le journaliste de TV5 Monde a ensuite mis en lumière d’autres cas troublants : les leaders du FNDC, Foniké Menguè et Billo Bah, ainsi que le journaliste Marouane Camara, tous enlevés sans que leurs proches n’aient de nouvelles. Malgré l’ouverture d’enquêtes par la justice, aucune communication officielle n’a été faite sur leur évolution.

Face à ces faits, Ousmane Gaoual Diallo a esquivé toute remise en cause du régime en place. « Ces disparitions ne datent pas d’aujourd’hui. En 2014, sous un autre gouvernement, le journaliste Chérif Diallo avait disparu sans jamais être retrouvé », a-t-il rétorqué, suggérant que ces événements s’inscrivent dans une continuité historique.

Alors que l’inquiétude grandit, le ministre a insisté sur le fait que l’État aurait mobilisé son appareil judiciaire pour faire la lumière sur ces affaires. « Les familles et leurs avocats ont accès aux dossiers. Il appartient à la justice de mener les enquêtes en toute transparence », a-t-il affirmé, sans toutefois apporter de garanties sur la diligence et l’impartialité des procédures en cours.

Pour l’heure, ces déclarations peinent à rassurer. Le silence prolongé des autorités judiciaires et l’absence de résultats concrets nourrissent une méfiance croissante au sein de la population. Derrière les discours officiels, la réalité reste brutale : des activistes et journalistes continuent de disparaître, sans que justice ne soit rendue.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info 

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