Recrutement et avancement en Afrique : danger du favoritisme ! (Par Magaye Gaye)

L’Afrique doit repenser ses méthodes de recrutement et d’avancement de ses cadres.

Un mauvais recrutement, surtout à des postes clés, équivaut à installer une bombe à retardement au sein d’une entreprise. Cet agent, souvent improductif, devient rapidement un fardeau pour son organisation.

Le piège du recrutement émotionnel

On critique fréquemment les Africains pour leur approche émotionnelle lors des recrutements, tandis que les Américains, par exemple, privilégient une évaluation objective des compétences et de la valeur ajoutée potentielle des candidats.

En Afrique, le processus de recrutement reste largement influencé par le système francophone, centré sur les diplômes. Pourtant, un diplôme, aussi prestigieux soit-il, ne garantit pas l’efficacité, surtout dans un contexte où le système éducatif peine à répondre aux besoins des entreprises.

L’omniprésence du favoritisme

Le problème ne s’arrête pas aux diplômes. Trop souvent, la question décisive devient : « Qui vous a recommandé ? » Dans bien des cas, ces recommandations passent avant les compétences, biaisant totalement la valeur réelle des candidats.

Il faut également pointer du doigt les responsables politiques qui, fraîchement nommés à la tête d’entreprises publiques, s’empressent de recruter des militants de leur région ou de leur bord politique, sans se soucier de leur qualification.

Les quotas et les privilèges dans les institutions internationales

Des quotas par nationalité ou des règles archaïques, comme l’attribution systématique de certains postes à des pays spécifiques, freinent l’excellence. Pourquoi ne pas instaurer une rotation basée sur les compétences et non sur des critères géographiques ?

Un exemple frappant

J’ai été témoin d’une situation aberrante dans une organisation internationale.

Un cadre, recruté sur recommandation d’un ministre, a été promu chef de service après moins de deux ans dans l’entreprise. Pendant ce temps, des employés compétents, ayant cumulé 10 à 15 ans d’expérience, attendaient en vain des promotions.

Cette injustice avait déclenché une révolte inédite : distribution de tracts, dénonciations publiques et climat de travail délétère. Le dirigeant, dans une tentative d’apaiser la situation, avait tenu des propos troublants :

« Chers collaborateurs, la vie est un jeu de donnant-donnant. J’ai accepté la proposition du Ministre parce qu’il pouvait me rendre service ailleurs. »

La voie du progrès : compétence et mérite

Ces pratiques déresponsabilisantes, à l’origine de frustrations profondes, freinent l’émergence de véritables compétences en Afrique.

Pour assurer son développement, l’Afrique doit miser sur la compétence, le dévouement la loyauté et les résultats : valoriser ceux qui contribuent concrètement aux objectifs des organisations.

Mettre un terme au favoritisme dans les recrutements, c’est poser les bases d’une Afrique plus forte et plus compétitive.

 

Magaye GAYE

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