Guinée actuelle : Guerre de positionnement politico-ethnique et régionaliste aux enjeux multiples

La Guinée, riche de sa diversité culturelle, ethnique et géographique, traverse une phase délicate de son histoire politique. Derrière les promesses de cohésion nationale et les initiatives de développement, se cachent des luttes acharnées de positionnement où les identités ethniques et régionalistes prennent une place prépondérante. Ces dynamiques, souvent invisibles pour le citoyen ordinaire, façonnent pourtant les décisions politiques et économiques du pays, avec des conséquences potentiellement lourdes pour l’avenir.

Un héritage historique mal digéré.

Les rivalités ethniques et régionalistes ne datent pas d’aujourd’hui. Héritées de la période coloniale et exacerbées par des décennies de gouvernance clientéliste, elles continuent de modeler les relations entre les communautés. Chaque régime politique a su, à sa manière, instrumentaliser ces divisions pour asseoir son pouvoir, au détriment de l’unité nationale. Résultat : un pays fragmenté, où l’appartenance ethnique ou régionale influence souvent les opportunités et les alliances.

Un climat politique tendu

Aujourd’hui, la guerre de positionnement ne se limite plus à la sphère politique. Elle envahit également les cercles économiques, culturels et sociaux. Les élites, en quête de pouvoir, se battent pour contrôler les institutions clés, tandis que les communautés s’identifient davantage aux leaders issus de leurs régions ou ethnies qu’aux idéaux nationaux. Les débats démocratiques sont souvent éclipsés par des luttes fratricides, où le mérite et la compétence cèdent la place au favoritisme ethnique.

Des enjeux multiples

Cette guerre de positionnement a des ramifications profondes :

1. Politique: La compétition entre les élites ethniques pour le contrôle de l’État menace la stabilité institutionnelle et retarde l’adoption de réformes nécessaires.
2. Économique : Le favoritisme dans l’attribution des marchés publics et des ressources freine le développement équitable. Les disparités régionales continuent de s’élargir, alimentant frustrations et ressentiments.
3. Social : Les divisions ethniques alimentent les discours haineux, créant un climat de méfiance entre communautés. La cohésion sociale est mise à mal, menaçant la paix et la stabilité.
4. Médiatique : La montée des réseaux sociaux, souvent instrumentalisés, amplifie les discours régionalistes et ethnicistes, créant des fractures encore plus profondes.

Les pistes de solution

Pour sortir de cet engrenage, il est crucial d’engager des réformes structurelles et de promouvoir un dialogue sincère et inclusif :

– Éducation et sensibilisation: Intégrer dans les curriculums scolaires des notions de citoyenneté, de tolérance et de diversité.

– Réformes institutionnelles: Renforcer l’indépendance des institutions pour garantir l’équité dans l’accès aux opportunités.

– Dialogue intercommunautaire: Mettre en place des plateformes où les différentes communautés peuvent exprimer leurs préoccupations et co-construire des solutions.

– Leadership éclairé : Promouvoir une nouvelle génération de leaders capables de transcender les clivages ethniques et régionaux, en mettant l’intérêt national au-dessus des ambitions personnelles.

Un appel à la responsabilité collective

La Guinée ne pourra se relever qu’en dépassant ces clivages destructeurs. Chaque citoyen, chaque leader, a un rôle à jouer dans la construction d’une nation unie. Les divergences ethniques et régionales doivent être perçues comme une richesse, et non comme un prétexte à la division. La paix sociale et le développement durable ne peuvent être atteints que dans un climat de confiance mutuelle et de respect.

L’histoire jugera durement ceux qui, pour des intérêts immédiats, auront sacrifié l’unité nationale sur l’autel du positionnement personnel. La Guinée mérite mieux. Elle mérite des fils et des filles prêts à œuvrer pour un avenir commun, débarrassé des chaînes du passé.

Abdourahamane NABE responsable mécénat santé et solidarité drastone70@gmail.com