Dr Dansa Kourouma plaide pour l’introduction du « rhéto populaire » dans la nouvelle Constitution
Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi, Dr Dansa Kourouma, président du Conseil National de la Transition (CNT), a exprimé sa vision d’une nouvelle dynamique démocratique en Guinée à travers l’avant-projet de Constitution. Dans son intervention, il a souligné la nécessité d’introduire un mélange de démocratie directe et de démocratie représentative dans l’ordre constitutionnel, afin de rééquilibrer le pouvoir entre les élus et les citoyens.
Selon Dr Dansa Kourouma, il existe un décalage croissant entre les élus à l’Assemblée nationale et leur base électorale. « Du point de vue de la moralité, la question reste ouverte », a-t-il déclaré, mettant en avant le fait que certaines décisions prises par une Assemblée fortement politisée peuvent aller à l’encontre des intérêts de certaines couches de la population. Pour remédier à cette situation, l’avant-projet de Constitution prévoit l’insertion du référendum législatif ainsi que l’introduction du droit de pétition, baptisé localement « rhéto populaire ».
Ce mécanisme, selon le président du CNT, a pour objectif de pacifier et de légitimer l’expression citoyenne. « Plutôt que de recourir à des manifestations violentes, comme brûler des pneus, nous avons créé un mécanisme permettant au peuple de s’exprimer directement et d’interférer avec le Parlement », a-t-il expliqué. Cette approche vise à donner aux citoyens, indépendants des partis politiques, le pouvoir de s’opposer à un projet de loi présenté par une majorité parlementaire, renforçant ainsi la souveraineté populaire.
Dr Dansa a également rappelé que « la démocratie est le gouvernement du peuple« . Dans cette optique, il estime que tout citoyen doit avoir le droit de proposer des lois ou de s’opposer à celles proposées par le gouvernement, car la souveraineté appartient au peuple. Le « rhéto populaire », selon lui, est un moyen de civiliser la démocratie en permettant au peuple de contester pacifiquement certaines décisions.
Au cours de cette conférence, Dr Dansa Kourouma a dénoncé les pratiques passées de révision constitutionnelle en Guinée, souvent orientées vers le renforcement du pouvoir présidentiel au détriment de la démocratie. « Nos dirigeants en Afrique semblent vouloir mourir au pouvoir, pourquoi ? C’est à cause des infractions qu’ils commettent durant l’exercice de leurs fonctions », a-t-il déploré, soulignant l’importance d’une révision constitutionnelle transparente et participative.
Le président du CNT a insisté sur l’obligation pour le Président de la République de s’adresser à la nation avant toute révision constitutionnelle, en expliquant clairement les articles concernés. « Le Président de la République doit s’adresser à la nation. Par le passé, nous avons vu des révisions où personne ne savait ce qui allait être modifié jusqu’au dernier moment. Nous avons résolu cette question en exigeant que le Président explique clairement les articles de la Constitution qu’il souhaite réviser dans son discours à la nation. De cette manière, tout le monde sera informé et un contre-pouvoir citoyen pourra se mettre en place pour bloquer le processus si cela ne correspond pas aux besoins de la population », a-t-il conclu.
Cette mesure vise à garantir la transparence et à permettre la mise en place d’un contre-pouvoir citoyen, capable de bloquer toute initiative ne répondant pas aux besoins de la population.
Avec cette nouvelle approche, Dr Dansa Kourouma espère voir émerger une démocratie plus équilibrée et participative en Guinée, où le pouvoir politique est constamment contrôlé par le pouvoir citoyen.
Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info