Docteur Nafadima Diawara : La Pionnière de la Chirurgie à l’Hôpital Régional de N’zérékoré
Si autrefois certains métiers étaient principalement réservés aux hommes, aujourd’hui, les femmes s’illustrent dans divers domaines, tant dans le secteur privé que public. C’est le cas de Docteur Nafadima Diawara, unique femme chirurgienne à l’hôpital régional de N’zérékoré. Le mardi 23 juillet 2024, elle a partagé avec la rédaction d’Émergence FM les raisons qui l’ont poussée à choisir cette profession, ses sentiments en tant que femme chirurgienne, ainsi que les défis auxquels elle fait face dans l’exercice de son métier.
Actuellement médecin-chef de la maternité de l’hôpital régional de N’zérékoré, Docteur Nafadima Diawara explique les motivations derrière son choix pour la chirurgie. Elle raconte que son parcours a été influencé par le désir de satisfaire son père et d’honorer la mémoire de sa sœur, décédée en donnant naissance.
« Au début, je ne voulais pas faire de la médecine, car mon ambition était de devenir pilote. J’avais choisi les sciences mathématiques au lycée dans ce but, inspirée par une Peule que j’avais vue à la télévision. Cependant, le destin en a décidé autrement. Mon père, qui souhaitait devenir médecin mais était devenu vétérinaire, voulait que l’un de ses enfants réalise ce rêve. Ainsi, pour lui faire plaisir, j’ai choisi la médecine. De plus, la perte de ma sœur lors d’une césarienne en avril 2005, due à l’absence de spécialistes, a profondément marqué ma vie. Depuis ce jour, j’ai décidé de devenir médecin pour sauver des femmes », explique Docteur Nafadima Diawara.
Elle exprime également sa fierté d’exercer un métier traditionnellement masculin. « Je suis fière d’être femme dans cette profession, autrefois réservée aux hommes. Il arrive que mes collègues sollicitent mon expérience pour affronter certaines situations. Cela prouve que les femmes peuvent accomplir tout ce que les hommes peuvent faire, et parfois même mieux », souligne-t-elle.
Cependant, Docteur Nafadima Diawara ne cache pas les difficultés rencontrées dans son travail. « Les défis sont principalement liés au fait que 80 à 90 % des femmes qui viennent accoucher arrivent tardivement à l’hôpital. Elles passent par plusieurs maisons d’accouchement ou thérapeutes avant de se rendre à l’hôpital, souvent avec des complications. Ces patientes attendent de nous des miracles, oubliant que nous, médecins, ne faisons que soigner, tandis que la guérison dépend de Dieu. La pression des familles est souvent intense, surtout lorsqu’il faut prescrire des médicaments supplémentaires en dehors de ceux offerts dans le cadre des campagnes de césarienne gratuite. De plus, il y a peu de femmes médecins dans notre service ; seules trois autres femmes stagiaires travaillent avec moi, tandis que la majorité des femmes ici sont des ATS ou des professionnelles non médicales », relate-t-elle.
Pour conclure, Docteur Nafadima Diawara encourage ses consœurs à s’engager dans le domaine médical et à prendre leur profession au sérieux. « Je lance un appel aux femmes pour qu’elles ne se marginalisent pas. Il n’y a plus de métiers exclusivement réservés aux hommes. La femme, quand elle veut apprendre, apprend bien et vite, ce qui lui permet de tirer pleinement profit de son métier. Nous profitons de chaque opportunité pour intervenir dans les écoles locales, partager nos expériences et inciter les jeunes filles à se consacrer à leurs études dès le collège et le lycée, car c’est à ce stade que l’on peut se préparer à réaliser ses ambitions », conclut-elle.
Depuis 2008, Docteur Nafadima Diawara travaille dans le service de chirurgie, se distinguant par ses multiples services rendus aux citoyens de la capitale forestière.
Pépé Blaise Théa pour Planete7.info