La problématique liée à la constitution des garanties en couverture des prêts est réelle.
Aussi bien du côté des banques qui appréhendent des soucis légitimes quant à de probables défauts de remboursement de leur clients que de celui de promoteurs obsédés par la lourdeur et le coût prohibitif des garanties réclamées par les institutions financières.
Une troisième partie à savoir le régulateur vient envenimer cette situation en obligeant les banques pour des raisons de solvabilité à recourir à des hypothèques sur des terrains et immeubles. Bien entendu, dans le cadre de la protection de la monnaie puisque le crédit en est une contrepartie.
Les hypothèques coûtent chères, mettent du temps à se constituer et ne présentent pas forcement la solution optimale en cas de mise en œuvre de processus de réalisation de garanties à des fins de recouvrement.
Parfois, les produits de la vente des biens ne permettent pas de faire face à l’encours restant dû du prêt.
Aussi, même sur des crédits dont la durée de remboursement est de 6 mois maximum certains établissements n’hésitent plus à demander des hypothèques.
Aujourd’hui, force est de constater que les banques ont dans leurs portefeuilles de garanties, des biens immeubles qu’elles gardent en couverture de leur financement. À bien des égards, cette posture les apparentent à des Agences immobilières
Cette problématique d’exigence de garanties sous forme d’hypothèses interpelle les acteurs.
Nos modestes propositions
1 Demander à l’Autorité monétaire de contrôle d’assouplir les règles en la matière.
2 Amener les banques à se concentrer sur le core business des projets en se focalisant sur l’ADN des transactions au lieu de mettre l’accent sur l’accessoire que constitue la garantie
3 Renforcer l’expertise des banques en matière de structuration des deals et de suivi rapproché des projets
4 Renforcer les Fonds de garanties
5 S’inspirer des mécanismes de projets finance utilisés dans le financement des gros projets afin de renforcer qualitativement les dispositifs de garanties appliquées à la PME. Il est important que des contrats solides, négociés et notariés servent de lois des parties dans le cadre de nouveaux pactes de confiance à instaurer
6 Inciter les prêteurs à diversifier leurs activités de financement vers le crédit-bail et le capital-risque. Le législateur devrait désormais en faire une condition avant tout accès au refinancement de la Banque Centrale
7 Asseoir une notion de « garantie morale » dans le financement des petites entreprises, des coopératives, du secteur informel et des particuliers. Il faut pour cela bien maîtriser les réseaux de connections, d’autorité et de surveillance mutuelle.
Il reste entendu que la mise en œuvre de ces recommandations nécessite un renforcement du système juridique et judiciaire.
Il faut à tout prix préserver les banques de statuts de rentiers.
Magaye GAYE
Economiste International