Le brouillage des ondes est devenu récurent ce dernier temps en Guinée. Ce vendredi 24 et dimanche 26 novembre les fréquences du groupe Djoma et FIM FM sont brouillées sans raison selon les directeurs de l’information de ces deux médias rencontrés par un de nos reporters ce lundi matin.
Talibé Barry directeur de l’information de FIM FM impute la responsabilité aux autorités et soutient qu’aucune notification d’une quelconque autorité n’est parvenue à sa direction.
« Effectivement depuis le vendredi dernier nous avons constaté les difficultés à avoir le signal de la radio dans le grand Conakry. Malheureusement nous ne sommes pas surpris puisque c’est pas la première fois que nous soyons victimes de brouillage. Nous sommes rentrés en contact avec les autorités de la transition mais aussi celles de l’ARTP pour voir éventuellement ce qu’elle nous dira sur cet état de fait, mais jusque-là nous n’avons aucune réponse de la part de ces deux entités, pire nous n’avons jusqu’à date pas été signifiés d’une décision résultant de cette situation. Mais puisque ce n’est pas la première fois nous disons que c’est un agenda caché pour agenouiller FIM FM. Aujourd’hui c’est seulement le site et les canaux digitaux qui nous restent, c’est pourquoi vous avez constaté en signe de protestation nous avons écourté l’émission phare du média Mirador, en lieu et place de 3h nous n’avons fait qu’1h pour dénoncer cette façon de faire mais aussi montrer notre ras-le-bol. Au cours de l’émission heureusement nous avons reçu le président de l’URTELGUI qui s’est indigné de cette situation mais qui nous a fait comprendre que la fréquence de Djoma aussi est brouillé qui veut dire que d’autres radios sont dans la même situation que nous. Et par la suite il déjà a annoncé des mesures fortes à partir de demain pour dénoncer cette action liberticide des autorités », dit-il.
Poursuivant, le responsable de FIM est revenu sur les conséquences que ce brouillage peut entrainer dans le fonctionnement du groupe.
« Bien-sûr que cela nous affecte puisque si tout le monde peut brouiller les ondes ce qui veut dire que tous les messages peuvent passer, c’est pourquoi nous avons dans le communiqué dégagé notre responsabilité par rapport à tous messages qui passerait sur notre antenne à travers notre fréquence qui ne viendrait pas de nous. Au-delà nous avons des partenaires commerciaux qui ont des spots publicitaires chez nous, imaginez le souci que cela peut nous causer, c’est énorme. Pour le moment le seul responsable que nous connaissons, ce sont les autorités puisque la fréquence que nous utilisons nous a été attribuée par les autorités notamment l’ARTP et donc s’il y a un problème c’est à elle de nous dire même si elle n’est pas actrice de la situation ce qui ne va pas, mais malheureusement jusqu’à présent aucune suite favorable », a laissé entendre le directeur de l’information de FIM FM.
Aboubacar Condé, Directeur de l’information du groupe Djoma média victime aussi de brouillage depuis ce dimanche abonde dans le même sens.
« Nous avons commencé à remarquer le brouillage de la fréquence de notre radio, hier (dimanche) aux environs de 21h37, j’ai remarqué que les voix passaient sous forme hachée c’est à dire dans une phrase vous pouvez capter deux ou trois mots et la suite vous ne pouvez pas. J’avais imaginé que c’est le courant qui était parti là où se trouve l’émetteur. Mais ce matin également en quittant la maison pour la radio, j’ai constaté la même chose, je suis allé sur la fréquence de FIM, j’ai remarqué la même chose, je suis allé sur d’autres radios, j’ai remarqué que l’animation était nickel. J’ai appelé le directeur général, il m’a dit : c’est exactement la même chose que je constate. Donc depuis hier à 21h37, jusqu’à maintenant, nous sommes victimes de brouillage. Et j’ai appelé le président de la HAC pour lui faire part de ce qui nous arrive, il dit que ça arrive (…). Il a promis qu’aujourd’hui au milieu de la journée ils vont adresser un courrier à l’ARPT. Nous attendons. Mais c’est quand même quelque chose de dramatique, depuis le vendredi, on a d’abord constaté la restriction des réseaux sociaux et après on a constaté le brouillage de ces médias. Mais le plus anormal dans tout ça, on ne prévient rien, on a aucune notification pour dire que c’est à cause du contenu de telle ou telle émission (…). Ça nous impacte parce que nos partenaires, la page commerciale ne passe pas convenablement. Quelle va être la réaction des partenaires vis-à-vis du média », s’est-il indigné avant de poursuivre.
« Vous savez comme on est dans une association (URTELGUI) elle a avant tout condamné et annoncé des mesures qui vont être entreprises, pas par FIM ni par Djoma mais plutôt par l’association elle-même. L’union des radios et télévision libre de Guinée a annoncé une manifestation prévue demain (…) Et comme je vous l’ai dit, nous nous réservons le droit de saisir les juridictions compétentes contre X par rapport au brouillage parce que ça ne peut pas continuer comme ça. En attendant de savoir qui est derrière, nous nous accusons les autorités », a-t-il fait savoir.
Aboubacar Camara président de L’URTELGUI annonce à son tour des mesures fortes pour faire plier les autorités face à ce qu’il qualifie d’actes de liberticide.
« Effectivement, comme vous avez dit, il y a un peu plus de 72 heures les ondes de la radio Fim FM ont été brouillées. Et ce matin, Djoma a été malheureusement ajouté sur la longue liste. A l’intérieur du pays, nous avons aussi la radio Fasso FM, qui subit la même opération. Donc, il faut dire que cette pratique a commencé depuis maintenant quelques mois et en tant qu’organisation de la presse audiovisuelle que nous sommes, URTELGUI, nous avons tenté d’approcher les autorités à tous les niveaux pour essayer de pallier à cette nouvelle pratique, parce que tout porte à croire que c’est l’ARPT, qui passe par des manœuvres qui sont déjà connues pour essayer d’empêcher ces médias de bien travailler et il utilise (ARPT) son système de surveillance. Aujourd’hui, nous sommes sortis pour exprimer notre ras-le-bol. Donc, au-delà de ça, nous avons déjà entrepris quelques dispositions et qu’on va commencer à déployer dès ce soir, demain déjà nous rentrons dans ce qu’on appelle la désobéissance civile médiatique et si d’ici ce soir, ce problème n’est pas réglé parce que nous savons que c’est le fait de L’ARPT et nous avons toutes les preuves. Nous avons entamé des démarches au niveau des autorités compétentes. Mais, malheureusement nous n’avons pas eu de réponse et nous ne sommes pas contre la sanction d’un journaliste ou d’un média, mais il faut qu’ils respectent les lois », conclu le patron de L’URTELGUI.
Mohamed Diallo pour Planete7.info