Les grands penseurs économiques nous ont toujours formaté dans l’idée que les moteurs de la croissance économique donc de la création de richesse résidaient dans la consommation et l’investissement ainsi que dans les exportations, á l’image du modèle allemand.
Pour revigorer ces moteurs, ils ont considéré l’épargne des ménages comme un levier important de soutien à l’investissement et à la croissance.
Les économistes keynésiens proposent d’ailleurs une lecture différente des relations entre épargne et investissement. Pour eux, l’épargne étant la part du revenu qui n’est pas consommée dès lors, sa hausse restreint la consommation et par conséquent les débouchés des entreprises, ce qui réduit les incitations de ces dernières à investir.
Donc pour les économistes en général, l’équation simpliste à résoudre c’est de permettre à l’épargne de soutenir la consommation et l’ investissement.
Or, il existe une troisième variable « superéconomique » à ce jour négligée dans leur raisonnement à savoir : la solidarité désintéressée qui est un véritable déclencheur et multiplicateur de richesse.
Mon observation des faits économiques, des lois de la nature et de certains messages inspirés m’amènent à constater que c’est un paramètre fondamental dans l’accumulation de la richesse et le bonheur des nations.
Pendant que l’épargne conventionnelle est en général faiblement rémunérée à un taux maximum de 5%, la solidarité désintéressée ou l’aide à autrui est quant à elle fructifiée et multipliée par 10, parfois 700, voire plus. Elle est dès lors plus éthique et plus productive.
Faisons un petit constat empirique. Comparons:
1 un salarié qui bénéficie mensuellement d’un revenu fixe et qui dresse chaque début de mois son bilan alimentaire de manière rigoureuse afin soutient-il de « joindre les deux bouts »
2 au commerçant analphabète qui dépense sans calculer, ses revenus en fonction des circonstances qui se présentent à lui et qui aide beaucoup sans vouloir recevoir en retour.
Souvent, l’aisance matérielle est du côté de ce dernier.
Le deuxième exemple parmi tant d’autres similaires que j’ai personnellement vécus concerne un individu démuni de mon quartier. Il s’est levé un jour, sans dépense quotidienne alors qu’ il avait sa famille a nourrir.
Ce jour de disette, un bienfaiteur lui a remis 1000 fcfa à titre gratuit. Au moment où enfin, il s’apprêtait à aller remettre à son épouse ce gain inattendu pour lui permettre de se rendre au marché, un individu plus indigent que lui et qui est resté 2 jours sans préparer de repas à la maison se présenta avec un air très fatigué et lui exposa sa détresse. Il lui remit sans même réfléchir ses 1000f parce qu’il avait vraiment pitié.
Au moment de quitter les lieux, une bonne volonté est venue, de manière inattendue, lui remettre 10 000f auxquels il ne s’attendait évidemment pas
Est ce un hasard? Non ces exemples sont légion.
Reconnaissons toutefois que ce type de décision est difficile à prendre.. L’on prefère thésauriser de peur des lendemains difficiles et pourtant, notre salut et notre prospérité c’est d’aider nos prochains qui sont dans le dénuement
La solidarité désintéressée en d’autres termes l’aide apportée à son prochain sans exigence de réciprocité a un excellent retour sur investissement.
Précisons que la solidarité dont il est question ici n est pas seulement d’ordre pécuniaire. Elle peut se décliner sous différentes formes comme le partage de savoir, l’effort physique , les conseils etc….
Il urge pour l ‘humanité d ‘engager un vaste chantier de relecture des théories economiques des grands penseurs occidentaux comme Adam Smith, walras, Ford, Schumpeter, Keynes, Malthus etc..qui ont fait leur temps.
Il est grand temps aussi de passer de la théorie du ruissellement qui n’a pas donné de résultats palpables à celle de « l’irrigation généreuse »
Il convient de rappeler que la théorie du ruissellement estime qu’une politique favorisant les revenus des plus riches, notamment par une réduction de leurs impôts, profite à toute l’économie. Cette réduction d’impôts permettrait de dégager des revenus auparavant ponctionnés par l’État, qui seraient réinvestis par les plus riches dans l’économie.
La nouvelle théorie économique de »l’irrigation généreuse » que nous proposons repose sur un partage désintéressé afin de fructifier collectivement les efforts humains.
Magaye GAYE
Économiste International