Dr Ibrahima Mansaré : « nos sœurs voilées souffrent dans les écoles publiques comme privées »

0

La question du voile, l’une des plus épineuses de nos temps dans les pays occidentaux, mais ceux du Sud depuis un moment. En Guinée, quoique la population soit majoritairement musulmane, le port du voile dans les établissements d’enseignement divise. Le problème de sa forme, le voile traditionnel, celui qui ne masque pas le visage est pourtant mineur par rapport à celui intégral qui masque tout le visage et le corps des femmes.

Pour évoquer la question, nous sommes partis à la rencontre de Docteur Ibrahima Mansaré, consultant en Finance Islamique et porte-parole de l’union des Écoles Franco-arabes de Guinée. Docteur Mansaré est aussi le signataire de plusieurs tribunes dans la presse sur la question, soit sur des sujets qu’il traite en premier, soit des réactions aux points de vue contraires à la foi qu’il chérit tant dont la dernière sortie est sa réponse à une analyse de notre regretté confrère, Ahmed Kourouma, chroniqueur dans les GG du Groupe Hadafo Média.

Aussi éloquent que ferme sur la question, Monsieur Mansaré nous a répondu et servi des réponses appuyées par des arguments pendant une dizaine de minutes, alignant mots et gestes. Lisez !

Bonjour monsieur

Pour commencer, dites-nous, au sein de nos écoles, est-il autorisé de porter le voile ?

Dr Ibrahima Mansaré : C’est une question d’actualité, car nos sœurs voilées souffrent dans les écoles publiques comme privées, tous les départements sont concernés que ce soit l’enseignement pré-universitaire, l’enseignement supérieur et l’enseignement technique. Il y a de ces écoles où les responsables essayaient de diligenter plus ou moins la responsabilité pour que les gens puissent suivre leurs cours et il y a de ces écoles où ils refusent catégoriquement ou qui voient le voile comme signe de la religion et que l’école est laïque. Donc, on n’a pas le droit d’envoyer ce signe ou la religion à l’école, donc de ce point de vue-là, on peut dire que le voile est interdit d’une manière indirecte.

Aujourd’hui est-ce que vous recensez encore ces cas d’interdiction ?

Moi, particulièrement, j’ai été contacté au moment des examens où on interdisait de porter les voiles et en cours de l’année dans les universités. L’université de Kankan qui pose un problème où on dit carrément le voile est interdit et surtout le voile intégral, c’est-à-dire couvrir sa tête et son visage. Il y a eu des écoles franco-arabes qui ont été victime dont je ne retiens pas le nom dans la région de Boké précisément à Kamsar où un responsable s’opposait carrément que les filles portent le voile. Alors ici ça ne s’arrête pas cette culture, cette phobie du voile ne se limite pas qu’à l’école. Mais, même dans le milieu professionnel, c’est difficile de trouver une journaliste qui présente le journal avec le voile, cette triste réalité est toujours là même avec certaines entreprises. Nous sommes en train d’importer cette culture française, je vais l’appeler comme ça, cette civilisation française et l’imposée ici. Je crois qu’on pouvait s’inspirer peut-être d’autres pays, ou bien laisser le choix aux gens, car cela est garanti par la loi, par la charte de la transition. Et quand vous prenez aussi la charte des droits de l’Homme des Nations Unis, la liberté de la conviction religieuse, vous êtes libre de croire, libre de faire ce que vous dicte votre religion.

Comment réagissez-vous à cette menace ou à ses interdictions ?

Dans un pays comme la Guinée, je ne sais pas comment le voile peut être une menace ou un facteur d’extrémisme, de terrorisme ou encore de danger. Dans la charte de l’union africaine (UA) j’en ai fait une tribune, c’est la même chose donc qu’en termes de hiérarchie des lois, nous avons ratifié la charte de l’union africaine dont les textes fondamentaux sont explicites là-dessus, elles résultent qu’on a cette liberté d’exercer sa foi et sa religion.

Est-ce qu’il y a aujourd’hui des projets d’interdiction du voile dans les établissements publics ?

Il y a une dimension culturelle, vous ne verrez jamais dans les deux derniers siècles de notre histoire, une femme qui se respecte marcher sans voile. Nos mamans, nos sœurs étant des croyantes. Et la Guinée dont je n’ai pas les chiffres ou statistiques officielles, mais à regarder les populations musulmanes ne sont minoritaires à constater en Guinée. Ainsi, de ce fait, je ne sais pas comment on peut avoir des textes ou même des tentatives d’adoption des textes qui ne vont pas avec les valeurs de la société.

Pendant les examens, il y a beaucoup de problèmes liés au voile, surtout celui intégral. Certaines femmes même refusent dès fois d’ôter le voile pour faire l’examen. Quid de ses cas ?

Premièrement, les autorités n’ont pas droit d’édicter des règles qui ne correspondent ni à nos textes fondamentaux, ni à notre culture, secondo, ni à l’éthique même de l’école et aux valeurs de l’école. C’est ce que j’ai envie de dire, ce qu’il faut que les autorités revoient leur papier. Il faut regarder ailleurs, on n’est pas plus démocratique que les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite ou le Qatar qui vient d’organiser le mondial de football. Le plus grand événement sportif. Nous demandons aux autorités, et c’est une doléance d’ailleurs, qu’elles acceptent de proposer des textes qui vont avec nos valeurs. Le temps des copier/coller est révolu, nous sommes suffisamment majeurs. Les filles peuvent garder leurs positions.

Si ces principes sont menacés, vous envisagez de faire quoi ?

Je souhaite seulement qu’on respecte nos règles, c’est-à-dire nos textes de lois. Le jour où on va décider que la Guinée est un pays anti-islamique, je serai d’accord, mais dès qu’on parle de la laïcité, les règles fondamentales sont là et que nous sommes signataires des conventions. Il faut qu’on se conforme aux lois.

Nous sommes presque à la fin de cette interview, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter Monsieur Mansaré ?

Moi, ce que je souhaite est que ce pays puisse prospérer. Qu’on puisse respecter nos identités, nos cultures et nos religions. Qu’on puisse faire en sorte que la Guinée soit un pays émancipé et émergent.

Merci Monsieur 

 

Interview réalisée par Diarouga Aziz Baldé pour Planete7.info

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Accueil
Radio
Tv
Replays