Oups ! On acte les vingt-quatre mois, go ! (Par Soulay Thiâ’nguel)

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Nous y voilà ! Patatras ! Rata tata ! Taratata ! Finis les tralalas. Et tous les blablas à peu de poids. Nous y sommes ! Parce que le bon sens a pris la place du roi. Il nous était offert un choix, un seul choix aussi léger un petit pois à soulever même avec un seul doigt. Certains ont quand même eu les moyens d’alourdir cette petite noix. Mais aussi lourd qu’ils aient voulu que le fardeau soit, la charge est arrivée sous le bon toit. Malgré les spasmes et les fantasmes. Malgré les sarcasmes et les humours à précoces orgasmes.

On a attendu les mots et les rototos de la CEDEAO, tel un faux père noël à la barbe mal coupée et un oh-oh mal léché. Et la CEDEAO a causé. Vingt-quatre mois, c’est calé on dirait Pépé Kalé. Les dix points de la Transition tout aussi actés. Le chronogramme va sereinement se dérouler. Parce qu’il sort d’une forge soutenue. Il est le résultat de contenus vus et revus, d’une concertation détendue, sous–tendus de positions patriotiquement défendues, d’arguments pertinemment soutenus. Sans retenue, la Guinée mise au-dessus de tous les sous-entendus, tous les malentendus, des éternels refus et des sempiternelles paroles dont on n’est jamais repus.

Mais, anga maama nous y voilà ! Et Dieu nous voit ! Terminés les atermoiements à couper les poils du cul en quatre. Elle était ouverte la voie. Même si on nous a seriné des arguments à la noix. Elle est confortée par l’organisation sous-régionale dont on attendait la voix. Si ce n’était pas un sujet aussi sérieux que celui de la Guinée presque de tout dépourvue, on aurait ironiquement dit vous avez joué et vous avez perdu. On se serait offert un joli menu, de soli-doundoumba bien émus. On se serait aimé comme des amants éperdus, jusqu’à l’extinction derniers froissements cramés de nos corps velus, jusqu’au dernier soupir de la nuit et au premier sourire d’un soleil illuminant nos corps détendus.

Alors, en bons joueurs que vous êtes, pas si bêtes, venez rejoindre la fête. Allez, faites pas la tête. Je vous le dis tout net : On est ensemble et c’est ensemble qu’on becte dans la même assiette. On va tous se trémousser sur une piste inquiète de nos chouettes embrassades. Avec un peu de tambours et beaucoup de trompettes, on s’égosillera de voix fluettes à se péter les luettes. S’il est vrai en tout cas que tous nous n’avons qu’une seule quête : celle de faire de la Guinée une terre à l’abri des incessantes convulsions, des éternelles appréhensions, des hurlements d’une politisation à outrances suffocations, si tant nous admettons que c’est vraiment vrai que nous voulons tous la construction d’une solide Nation.

A fakoudou, nous y voilà ! Je vous le confirme ! Venez boire un coup. La coupe est exempte de tout tabou. Même sans le sou, on ne vous cherchera pas les poux. À la table des mets au succulent goût, même les retardataires auront leurs bols sans faire de jaloux. On sait qu’on se tape tous les jours des bouchons de dégoût. Alors je comprends que vous soyez en retard avec vos costards et boubous. Même si vous êtes en retard et que vous traînez des pieds mous, personne ne vous tiendra rigueur pour vous traîner dans la gadoue. Nous sommes de la même famille vous et nous. On n’est pas de sauvages loups, ni ripoux, ni filous, pour ne pas être capables de se parler sincèrement. Puisque c’est la Guinée qui gagne comme on dit ici trivialement.

Frérots, nous devons avancer ensemble bon an mal an. Nous avons perdu assez de temps. Nous avons fait kouyé suffisamment. Faut quitter vos cachettes maintenant. Bon, j’avoue que vous n’étiez pas caché vraiment. On voyait un peu vos boubous et costards flotter ici et là de temps en temps. Un coup en Europe chez un p’tit blanc qui vous fait toutes sortes de serments. Un coup en Afrique chez les mêmes décideurs bedonnant. Tantôt dans une radio face à des journalistes pédants. Tantôt sur une estrade face à sympathiques militants, qui caressent vos egos à coups d’épuisants applaudissements. Kouyé là n’a qu’à finir maintenant. Sinon on va sortir cravache et vous tâter le popotin sans ménagement. Non ! Je rigole seulement. C’est juste un peu d’amusement. Pas la peine de rompre la poche lacrymale de vos yeux rougeoyants. C’est juste histoire de vous prouver qu’on peut se détendre tranquillement, que la Guinée attend de nous tous qu’on lui colle de belles étoiles au firmament, fièrement dans ces fiers moments.

Anga sagati nous y voilà ! Les facilitatrices ont fini avec paroles de la terre et du ciel. Paraît qu’elles vont déposer le papelard de la parlotte au colonel. Elles ont fait le job en toute indépendance. De leurs corps elles ont tiré mille dépenses. Parce que la Guinée mérite qu’on éprouve tous ces silences, qu’on extirpe toutes ces souffrances, qu’on lui érige de fortes défenses qui résisteront à toutes les sortes défiances et de déviances. Parce que nous avons mieux à faire qu’à continuer à nous regarder en chien de faïence. Parce la Guinée mérite réjouissance, pas de démence, de luminescence, pas d’incandescence, de décence, pas d’indécence. Parce qu’on doit bien lui faire l’amour à la Guinée, pas la violer. Parole de colosse de colonel foutrement bien galonné.

Voilà pour le foulëdi que je suis et mon kiff : Trancher tout le temps dans le vif. Je sens qu’on va me sortir ce bon vieux poncif : On n’a rien compris de ton gros français connement offensif. Je leur rétorque que je m’en cogne ! Je leur rétorque d’aller voir papa dico pour choisir quelques mots au pif. Alors, à défaut de me gratifier le crâne d’un bon petit lift, ils se contenteront de me voler un peu de mes tiffes. Voilà qu’en petit gueulard doublé d’un inconscient chétif, sûrement qu’ils réussiront à me choper un poil ou deux poils tardifs pour les gérer à la six, quatre, deux. Et en attendant qu’ils apprennent un peu de mon gros français, attend je vais faire ce que je sais bien faire, en petit trouillard et gueulard que je suis : je ferme ma gueule et je dégage !

Soulay Thiâ’nguel

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