Laurence Rouyer fondatrice de l’orphelinat Maison du Bonheur Hakuna Matata : « Ça été des mois très pénibles à vivre »
Accusée de complicité de viol et de harcèlement sexuel avec son mari il y a plusieurs mois, Madame Laurence Rouyer, fondatrice de l’orphelinat Maison du Bonheur Hakuna Matata de Dapompa s’en sort victorieuse dans cette affaire. La justice guinéenne a annoncé un non-lieu pour dame Laurence qui est plus que jamais soulagée après cette décision de justice.
Comment elle a vécu ces mois difficiles, son orphelinat a –t-il perdu de sa crédibilité ? Va-t-elle continuer à vivre avec son époux ? Notre rédaction est allée à sa rencontre pour une interview exclusive qu’elle nous accordée ce mardi. Madame Laurence Rouyer nous ouvre son cœur pour parler de cette période difficile qu’elle a traversée.
Planete7 : Bonjour Madame Laurence Rouyer !
-Vous êtes la fondatrice de l’orphelinat maison du bonheur Hakuna Matata dont l’affaire était pendante au niveau de la justice pour des faits présumés de viols et harcèlement sexuel au sein de vote centre. Aujourd’hui un non-lieu est prononcé, comment vous-vous sentez après cette décision de justice ?
Laurence Rouyer : Déjà je suis très soulagée parce ce que c’était assez pesant d’avoir été accusée soi-disant de complicité de viol et harcèlement sexuel. Mais là vraiment c’est un grand soulagement pour moi.
-Une affaire qui a forcément eu des conséquences néfastes dans le fonctionnement de votre orphelinat. Dites-nous comment vous avez passé ces moments avec cette affaire de viol ?
-Ça été un état de choc ! Parce qu’évidemment c’est quelque chose que je n’avais pas connaissance, je l’ai appris vraiment le jour où même les fait ont été révélés, on a amené mon époux à la maison centrale. Il a déjà fallu accusé le coup parce quand vous n’êtes ni au courant d’une telle situation au sein de votre centre d’orphelinat c’est un peu l’incompréhension, vous vous demandez qu’est-ce qui s’est passé, quelle faille y a eu et pourquoi vous n’avez pas vu. Vous-vous sentez en même temps trahi parce que vous avez fait confiance en la personne avec qui vous vivez. Ensuite au fur et à mesure qu’on avance sur l’enquête j’apprends donc un mois après que j’ai une plainte pour complicité. Alors là je tombe de haut quoi ! comment je peux être complice de viol alors que c’est moi-même qui ai porté plainte contre mon propre époux, et en plus je n’étais absolument jamais au courant de ce qu’il faisait. Ça été des mois très pénibles à vivre absolument, même si j’ai eu beaucoup de soutien pour me remonter le moral mais y a toujours des questionnements dans la tête quoi. Moi j’ai quitté la France pour venir aider les enfants ici, ce n’est pas dans le but de les mettre en danger et ni même de les remettre dans la misère.
Et la situation de votre époux, allez-vous continuer à vivre avec lui ?
-On ne sait pas pour le moment parce que c’est la justice qui s’en occupe. Ils ont quand même terminé l’instruction donc là c’est parti au niveau du juge pour qu’on puisse examiner sa condamnation. Là j’ai entamé une demande de divorce, j’ai rencontré mon mari il y a trois ans exactement. Moi je ne suis pas en Guinée pour épouser un homme ou avoir un homme à mes côtés mais de toutes les façons je suis une femme y a besoin d’avoir des sentiments et le Monsieur m’a charmé, il a su me convaincre qu’il pouvait m’aider en tous les cas aussi dans mes activités et ça été un peu la condition chez moi car je lui ai dit ma priorité c’est les enfants. Surtout ne t’avise jamais de toucher aux enfants parce que je ne vais pas hésiter quoi, c’était déjà clair entre nous quoi. Aujourd’hui je ne peux pas, parce que non seulement il a touché à des filles qui sont avec moi depuis 4 à 5 ans maintenant. Donc je les considère comme mes propres enfants en plus de ça, il a mis en péril tout un orphelinat. Parce que aujourd’hui on a failli fermer, donc ce n’est pas une seule personne ou 5 personnes c’est 95 personnes plus des gens qui sont autour qui encadrent ces enfants qui ont failli se retrouver dehors. Et moi j’ai près de 60% d’enfants orphelins, ils vont aller où ? Des enfants que j’ai construits, qui vont à l’école…il n’a absolument pas réfléchi sauf à sa personne. Et moi je ne peux pas continuer ma vie avec un homme comme ça.
Comment avez-vous fait pour tenir pendant toute cette procédure ?
-Au début c’était compliqué parce que y avaient des doutes qui planaient au-dessus de nos têtes. Les gens étaient un peu hésitants mais j’ai quand-même des partenaires qui étaient vraiment surs car je suis là depuis 2009. Donc ce n’est pas aujourd’hui qu’on me connait, donc ils ont confiance en moi et je ne pouvais pas foutre en l’air toute cette confiance. Ces gens-là ne m’ont pas lâché quoi.
Un message particulier ?
-Je remercie en premier lieu la justice qui a quand même fait correctement son travail en menant bien des enquêtes pour en aboutir à ce non-lieu. Je remercie aussi mon avocat et je remercie toutes les personnes qui ont vraiment cru en moi jusqu’au bout et à toutes les personnes qui ont contribué à ce que les enfants ne manquent de rien durant cette période.
Entretien réalisé par Pathé Diallo