Résultats de l’examen du CEE: la température monte! Le malade est à l’article de la mort ! Mais c’est la faute au thermomètre ! (Mamadou Baadiko Bah)

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Hier nuit, nous avons eu le résumé des résultats de l’examen d’entrée en 7ème année. Comme il fallait s’y attendre le pourcentage des admis est catastrophique : 17.62% c’est à dire plus de 82% de déchets ! En fait, au vu des efforts annoncés puis déployés par le gouvernement de Transition et son Ministre l’Education, on se doutait bien que quelque chose allait changer dans nos examens. Nous sommes installés depuis des dizaines d’années dans un système éducatif qui a totalement failli à sa mission première : former et éduquer la jeunesse pour permettre à celle-ci d’occuper la place qui doit être la sienne dans une société en progrès, dans la justice et l’égalité des chances. Au lieu de cela qu’avons-nous ? Un système éducatif réduit à l’état néant et qui ne produit que des semi-analphabètes bardés de diplômes ronflants, des chômeurs et des inadaptés sociaux, vivant dans l’oisiveté et le désespoir. Depuis fort longtemps l’année scolaire normale dépasse rarement les 6 mois.

Chez nous il y a mille raisons pour ne pas faire 9 mois comme la plupart des pays africains. Il serait trop long ici de faire le tour du désastre total dans lequel est installé l’école guinéenne, non pas depuis le 5 septembre 2021 ou en novembre 2021 à l’arrivée de M. Guillaume Hawing au MENA, mais depuis des décennies. La Guinée meurtrie par la politique politicienne a toujours cherché à s’accommoder de cette catastrophe ambiante, connue de tous.

Les examens d’État, institués en principe pour évaluer le niveau de l’enseignement (élèves et maîtres), n’étaient jusqu’ici qu’une mascarade honteuse, a l’instar de nos élections ! Toutes les formes de tricherie sont employées pour que les enfants soient « admis », peu importe le niveau. Les pourcentages d’admis aux examens chez nous sont un problème politique ! L’admission à un examen officiel a une tarification connue…Aucun tenant du pouvoir n’a envie de provoquer la rue ! Voilà le courage de nos dirigeants, jusqu’ici. Popularité oblige.

A l’UFD, nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme sur cette catastrophe dont la persistance condamne pour longtemps encore notre pays et son peuple a l’ignorance, à l’obscurantisme, à la misère. Le tout sans compter l’aggravation des inégalités sociales avec une éducation à deux vitesses : les nantis qui paient cher pour avoir une éducation de qualité pour leur progéniture et les simples citoyens qui sacrifient leurs enfants en les envoyant faute de mieux à l’école publique ou dans les écoles-boutiques.

En 2021, nous avions transmis au Président Alfa Konde un mémo à ce sujet, au nom de l’opposition parlementaire de l’époque. Son ministre, Dr Bano, Expert reconnu en matière d’Éducation, a tenté d’assainir les examens. Quelques avancées ont été réalisées. Mais fondamentalement, dans un système de Parti-Etat, du tout politique, où le plus important n’est pas la compétence et la probité, mais plutôt le maillot bien mouillé pour la conservation du pouvoir, il ne pouvait pas aller très loin. Souvenons-nous qu’en août 2021, la proclamation des résultats du bac avait été retardée de plusieurs semaines. Il fallait que le chef de l’État « valide ». Et bien entendu il avait ordonné de remonter les résultats ! Vive les lauréats analphabètes ! Mais les problèmes lui sont venus de là où il ne s’attendait pas…Après lui, nous avons continué à lutter pour l’assainissement des examens, afin de fournir une base de départ solide pour entreprendre le sauvetage de l’éducation. Aussi bien le PM Mohamed Beavogui que le MENA Guillaume Hawing nous ont reçu à ce sujet.

Aujourd’hui, force est de constater que ces examens organisés avec autant de rigueur et de sérieux, malgré le fait qu’on est très loin d’avoir vaincu la mafia de la fraude, sont les meilleurs depuis ceux de 2007 organisés par le ministre d’alors M. Ousmane Souaré. Nous ne pouvons que nous féliciter de cette avancée dans la bonne direction, même si ce n’est qu’un tout petit pas vers l’immense chantier du sauvetage de l’éducation. Mettre fin à l’impunité sera capital pour que chacun comprenne que la fraude aux examens et concours est un délit grave, au même titre que les détournements de deniers publics, le vol, ou la corruption. Il fallait au gouvernement un véritable courage politique pour s’attaquer à ce fléau qui gangrène la société guinéenne en détruisant moralement et intellectuellement la jeunesse. Et cette fois ci, il faut bien le reconnaître, la volonté politique et la détermination n’ont pas manqué. Peu importe que des égarés et des inconscients de tous bords et surtout les mafias dont les intérêts ont été touchés, vilipendent le Ministre de l ‘Éducation et ses patrons pour cette action salvatrice, l’essentiel est de poursuivre le travail engagé, en associant autant que possible toutes les parties prenantes : Administration, Syndicats, Associations Parents d’élèves, etc. Comme toute action rédemptrice, il y aura des obstacles, mais il faut aller jusqu’au bout : éradiquer la fraude dans les examens et concours. Ceux qui voudront s’accrocher à leur mine d’or de la fraude devront trouver en face d’eux une justice implacable et non une justice de pure forme. Tous les complices de la chaîne de fraude doivent répondre de leurs actes devant la loi.

Peu importe que le pourcentage d’admis des examens de 2022 se rapproche de zéro. L’essentiel est que la cruelle vérité éclate, qu’on sache le vrai niveau des élèves guinéens et leurs maîtres et que l’on s’attaque au mal à la racine. Personne n’a jamais soigné une maladie dont il dissimule l’existence.

Sur un autre plan, il est presque terrifiant de réaliser que cette situation que le gouvernement tente de changer dans l’éducation n’est qu’à l’image de la décomposition morale avancée qui mine tous les autres secteurs de la société guinéenne. Toute action réformatrice se heurtera toujours à tous ces intérêts de mafias solidement retranchées et qui en profitent depuis des lustres, au détriment de l’écrasante majorité du peuple de Guinée.

Conakry le 28 juin 2022

Mamadou Baadiko BAH Président de l’UFD

 

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