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Généralement les juntes militaires sont conscientes qu’il est devenu difficile voire impossible de confisquer le pouvoir dans le contexte actuel car leurs arguments dans ce sens ne peuvent convaincre les esprits éclairés.
Alors sachant bien que la pression croisée (interne et externe) finira par les faire plier, leur stratégie repose sur comment gagner du temps pour tirer suffisamment profit des avantages du pouvoir, se protéger pour l’avenir et “miner” le terrain avant de négocier leur départ.
Cette stratégie repose sur plusieurs axes :
> Créer de la cacophonie pour empêcher les acteurs politiques et institutionnels d’avoir une position commune;
> Mener des actions populistes pour faire rêver les populations afin de rendre illisible la trajectoire de la transition;
> Diviser l’opinion publique pour faire diversion sur les combines politiques et l’enrichissement des nouveaux maîtres du pays;
> S’acharner contre les acteurs politiques et sociaux représentatifs pour espérer démotiver et demobiliser leurs partisans;
> Entenir des nains politiques a coût d’argent, de postes et de promesses pour en faire une mouvance de la transition et des “vuvuzela médiatiques” pour les besoins de la propagande.
Une fois la position politique et financière devenue confortable, les juntes font semblant d’être flexibles sur la durée de la transition en réduisant théoriquement son délai. En réalité, à l’instar du cas Malien, il s’agit d’exercer le pouvoir le temps nécessaire à son agenda, et faire semblant de le rendre sur un délai raisonnable qui ne court qu’à partir de la date d’obtention d’un accord; c’est-à-dire un délai amputé de la période allant de la prise du pouvoir au moment des négociations.
Entre temps, il se trouvera qu’un dispositif est déjà mis en place pour protéger les barons du système et faire échouer le processus politique sur le moyen terme. Ainsi, ce serait une façon de préparer les conditions d’un retour de l’armée au pouvoir sous prétexte de l’échec des politiques dont les véritables causes pourraient être les manœuvres dilatoires de la transition précédente. C’est également une manière de piéger le processus démocratique en condamnant nos pays à rester dans les cycles éternels des coups d’Etat.
C’est pourquoi, aussi longtemps que le pouvoir sera donné par un cercle d’individu a la place des électeurs, la stabilité politique et institutionnelle de nos États sera compromise. Il va de soi que l’échec d’une transition n’est que la reprogrammation d’une autre.
Aliou BAH président du MoDeL