Jacques Lewa : ‘Le CNRD fonctionne comme tout pouvoir de la transition »
Le CNRD fonctionne comme tout pouvoir de la transition. En tous cas lorsqu’il est militaire. Le temps que les civils procéduriers se donnent dans le traitement de certains dossiers, eux ne se le donnent pas. Ils veulent agir et obtenir des résultats immédiatement. Ce n’est pas sans conséquence convenons-en. Et tous les actes ne feront pas que des heureux. Des mécontents, nous en aurons. Des victimes de décisions parfois injustes aussi. Mais si l’on est conscient que ce qui est fait n’est pas guidé par la mauvaise foi, sortons de l’émotion et apprécions sur la base des informations que nous avons. Il existe encore des motifs d’espoir. Nos discours doivent aider à construire et non à détruire.
Deux démarches sont conduites actuellement. Et déjà, une certaine opinion milite pour leur arrêt immédiat. Il s’agit de la récupération des domaines de l’Etat et des poursuites devant la cour de répression des infractions économiques et financières, des présumés auteurs de corruption et de détournement de deniers publics. Les uns pensent à des campagnes de destruction ciblées contre des politiques. Mais nous avons dépassé cette étape. Certains militants politiques comprennent progressivement que ce type de discours n’aidera pas. Il n’y a pas que des leaders qui sont sortis des maisons. Ils le savent, même s’ils font exprès.
Les démarches judiciaires engagées pour contester la décision du patrimoine sont légitimes. Mais si d’autres qui ont acquis dans les mêmes conditions les maisons qui appartiennent sans contestation aucune à l’Etat, ont accepté de partir, il y a de quoi comprendre les militaires qui veulent dans un premier temps rétablir l’Etat dans ses droits. Et dans un second, prévenir de tels loisirs peu catholiques de la part des commis de l’Etat. Un bien de l’Etat ne se vend, ni s’achète en catimini. Il existe des mécanismes de transparence qui le mettent sur le marché pour tous ceux qui désirent le posséder. Le contraire, ne devrait être défendu par aucun partisan de la bonne gouvernance.
Il en est de même pour les procédures judiciaires. Plusieurs présumés sont soit détenus ou sous contrôle judiciaire. Il se dit que rien ne se fait. Pourtant, les inculpés paient de l’argent pour bénéficier des mises en liberté provisoire. Rien ne peut à ce stade témoigner de l’incompétence ou des maladresses de la CRIEF. D’ailleurs, les avocats le savent, ils sont sur du superficiel en attendant que les débats de fond ne démarrent. Maintenant, on peut bien vouloir qu’on ne poursuive pas des leaders politiques ou ceux qui cherchent à le devenir pour trouver des boucliers, mais, les poursuites seront engagés contre des citoyens qui ont eu le privilège de gérer nos ressources. Que ce soit sous Alpha Condé ou bien avant.
C’est vrai que tout ceci ne doit pas nous détourner du processus électoral, dont le calendrier doit être bien pensé. Il faut cependant accepter que pour cette transition ci, nous n’avons aucun intérêt à considérer qu’il est plus important d’avoir un président civil que tout le reste. Ce n’est pas le président civil la solution au problème guinéen. C’est un leader conscient, capable de s’entourer de gouvernants vertueux. Pour cela il faut marquer les esprits par des sanctions exemplaires avant les élections. La méthode peut être discutée.