Après la crise sanitaire et dans un contexte de tensions inflationnistes préoccupantes, faut -il craindre une crise financière mondiale ?
Tout porte à le croire lorsqu’on analyse la philosophie globale, les méthodes et les outils de la finance conventionnelle. Sans oublier le décryptage des cycles économiques naturels.
Les 8 points qui nous font craindre la survenance d’une crise financière mondiale sont présentés ci-après:
1-L’argent demeure toujours un output au lieu d’être un input dans les systèmes économiques. Ça reste toujours une fin en soi au lieu d ‘être un moyen au service de l’humanité.
2-La sphère financière de l’économie continue, avec ses composantes de spéculation, de volatilité boursière et de marchés à terme de saper la solidité des fondements de l’économie réelle. Il y’a trop d’instruments à risques qui circulent dans le monde. L’économie et l’éthique doivent pourtant aller de pair.
3 Les mauvaises réponses apportées par des banques centrales obnubilées par la lutte contre l’inflation risquent de fragiliser le tissu économique, au travers d’une contraction de la consommation et de l’investissement; sans oublier les impacts négatifs que fait peser l’amoindrissement des actifs des prêteurs sur leur solvabilité. Je n’oublie pas les effets pervers d’une augmentation des taux directeurs des banques centrales sur les capacités d’endettement des États.
4-De nombreuses initiatives novatrices et potentiellement génératrices de valeur ajoutée pour l’humanité, restent en marge des systèmes de financement. Une bonne partie de la population mondiale de plus en plus pauvre n’a pas accès au crédit.
5 -L’immobilisation voire la thésaurisation de liquidités importantes dans des paradis fiscaux de plus en plus opaques et maintenant dans les pays en développement sapent les relances économiques nécessaires et accroissent les inégalités.
6-Les niveaux d’endettement de plus en plus élevés des agents économiques mondiaux particulièrement des États, dans un contexte de ralentissement économique, rendent vulnérables les mesures de relance.
7-La déconnexion de la Russie du système financier international dans un contexte de forte interconnexion des économies laisse craindre un effet de contagion qui pourrait augmenter les actifs toxiques dans le monde.
8-L’entrée du monde depuis 2019 dans un cycle économique de dépression qui pourrait durer 7 ans selon mes anticipations. Dans un tel contexte de survie, le facteur consommation devrait être privilégié dans les politiques économiques. La vraie relance de l’ économie mondiale et le retour à la prospérité devraient selon nos prévisions intervenir vers 2027.
Autant de facteurs qui plaident en faveur d’une crise financière internationale.
Le moment n’est -il pas venu de repenser un capitalisme prédateur et peu éthique?
Magaye GAYE
Économiste International
Professeur à l’Institut Supérieur de Gestion de Paris