Dans une interview récente accordée à RFI, le Premier ministre guinéen Bah Oury s’est exprimé sur le processus de transition politique en cours, alors que la nation attend avec impatience un retour à l’ordre constitutionnel. Lors de cet entretien, il a répondu aux préoccupations croissantes concernant le calendrier électoral et les critiques formulées par l’opposition.
Interrogé sur le report du retour à l’ordre constitutionnel initialement prévu pour cette année, Bah Oury a expliqué que la création d’un fichier électoral fiable est la priorité absolue pour garantir des élections libres et transparentes. « La Guinée a connu beaucoup de turbulences du fait de la non-fiabilité du fichier électoral », a-t-il rappelé. Pour remédier à cela, le gouvernement a décidé de baser le nouveau fichier électoral sur le fichier d’état civil, un processus complexe mais nécessaire selon le Premier ministre.
Le journaliste a soulevé la question d’un éventuel retard volontaire sous couvert de recensement général. Bah Oury a défendu la nécessité de ce recensement, affirmant que l’ancien fichier électoral de 2020 était déjà contesté et qu’il serait irresponsable de l’utiliser à nouveau. « Nous ne pouvons pas nous permettre de reprendre un recensement qui n’a pas été fiable pour dire qu’on va faire du bon travail avec quelque chose qui devrait être mis à la poubelle », a-t-il déclaré.
Quant à la durée du recensement d’état civil, le Premier ministre a reconnu qu’il s’agit d’un processus long, mais il a exprimé sa confiance en la tenue d’un référendum constitutionnel d’ici la fin de l’année. Ce référendum marquerait un pas décisif vers la création d’un fichier électoral incontestable, ouvrant ainsi la voie à des élections générales l’année prochaine.
Toutefois, le Premier ministre a refusé de s’engager sur une date précise pour le retour à l’ordre constitutionnel, soulignant que le calendrier final dépendrait des critères réglementaires et des dispositions budgétaires nécessaires pour organiser les élections. « Dès que le référendum constitutionnel sera établi, tout le reste du chronogramme pourra être envisagé de manière certaine », a-t-il affirmé.
L’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo a accusé les militaires du CNRD de vouloir garder le pouvoir indéfiniment, mais Bah Oury a rejeté ces allégations, appelant à la patience. << Vous savez, il ne faut pas être obstiné en ce qui concerne l’organisation d’un processus électoral. Nous sommes en train de reprendre les choses par où il fallait le faire, mais je vois que certains sont pressés. De grâce, un peu de patience : le corps électoral, le peuple de Guinée, décidera de celui ou de celle qui présidera son destin le moment venu.>>,a-t-il souligné.
Il a rappelé que l’organisation du procès du 28 septembre sous la direction du Président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya, témoigne de l’engagement du gouvernement à instaurer une justice équitable et à éviter les erreurs du passé.
Le Premier ministre Bah Oury a insisté sur la nécessité de procéder méthodiquement pour assurer une transition politique réussie en Guinée. Bien que le chemin vers le retour à l’ordre constitutionnel soit semé d’embûches et de critiques, le gouvernement reste déterminé à mener à bien ce processus, avec l’objectif de créer des bases solides pour un avenir démocratique.
Mountaga Pandiara Diallo pour Planete 7.info