Transition en Guinée : Bah Oury face à ses contradictions

Par cette sortie, le Premier ministre confirme son reniement.
La conférence de presse tenue ce mercredi illustre, une fois de plus, le reniement total du Premier ministre Bah Oury. Un reniement des valeurs qu’il a longtemps défendues et du combat politique qu’il a mené jusqu’ici.
Car en réalité, qu’est-ce qui a changé entre 2009 et la transition actuelle ? Rien, si ce n’est que Bah Oury est aujourd’hui Premier ministre. Voilà la seule explication à l’évolution soudaine de son discours et à son revirement politique.
Sur la question du retour à l’ordre constitutionnel en 2025, il convient d’être extrêmement prudent. On se souvient qu’en 2024, après sa nomination, Bah Oury avait promis la tenue d’un référendum avant la fin de l’année. Au final, il n’y a eu ni référendum ni Constitution finalisée.
D’ailleurs, à ce stade, le fichier électoral est loin d’être prêt pour organiser des élections. À moins que, par consensus, le CNRD et l’ensemble des acteurs politiques ne conviennent de l’utilisation du fichier électoral de 2020.
À cela s’ajoute l’absence d’un organe indépendant et transparent pour superviser les élections. Tout porte à croire que l’organisation des futurs scrutins sera confiée au ministère de l’Administration du Territoire. Une telle décision serait une grave erreur, car elle ouvrirait la voie à des contestations post-électorales aux conséquences potentiellement dangereuses. On ne peut pas être à la fois arbitre et joueur dans un même match.
Par ailleurs, le financement du processus électoral en Guinée demeure incertain. Les partenaires internationaux hésitent à débloquer des fonds, tant le climat sociopolitique reste instable et inquiétant. Le dernier rapport des Nations unies sur la Guinée, réalisé à l’invitation des autorités, en est une illustration frappante. Ce document, qualifié de chiffon par certains membres du gouvernement, a mis en lumière les nombreux manquements de la transition :
-le rétrécissement de l’espace politique,
-la violation récurrente des droits humains,
-l’absence de dialogue politique,
-la censure de la presse,
-l’opacité de l’agenda de la transition,
-et les détournements massifs de fonds publics.

Pourtant, après cette évaluation, la junte espérait obtenir un financement. Mais ce fut une douche froide.
En clair, à l’image de ses précédentes prises de parole, le Premier ministre Bah Oury a, encore une fois, fait des annonces dont nous attendons la concrétisation pour y croire.
Enfin, Les attitudes d’Alpha Condé et de Bah Oury ces dernières années rendent la politique de plus en plus difficile pour notre génération.

Ibrahima M’bemba Bah
Directeur chargé de la communication du BLOC LIBÉRAL

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