Tragédie du stade du 3 avril à Nzérékoré : les avocats des victimes dénoncent l’inaction et annoncent des actions judiciaires
Près de quatre mois après le drame du 1er décembre 2024 au stade du 3 avril de Nzérékoré, le Collectif des Avocats des Victimes et des Parents des Victimes a tenu une conférence de presse majeure ce vendredi. Objectif : faire le point sur les démarches entreprises, dénoncer les dysfonctionnements observés et annoncer les actions futures pour obtenir justice.
Placée sous le thème « Tragédie du 1er décembre au stade du 3 avril de Nzérékoré : actes déjà posés, annonce des actions futures et état des victimes », cette rencontre a mis en lumière des manquements jugés graves, aussi bien sur le plan judiciaire que sanitaire.
Prenant la parole, Maître Paul Lazard GBILIMOU, membre du collectif, a dressé un tableau accablant des infractions constatées dans cette affaire. Outre l’homicide involontaire et le meurtre, il a évoqué des faits aussi graves que les coups et blessures volontaires, la mise en danger d’autrui, l’omission de porter secours, le recel de cadavres, l’atteinte à la santé publique ou encore l’entrave à la justice et le trafic d’influence.
Selon les avocats, 98 victimes et familles de victimes ont officiellement porté plainte, exigeant que justice soit faite. Pourtant, malgré la gravité des faits, ils dénoncent un silence préoccupant du parquet de première instance, qu’ils accusent de vouloir « ignorer » la tragédie. Une plainte formelle a été déposée le 10 mars 2025, marquant une nouvelle étape dans ce combat judiciaire.
L’un des points les plus dénoncés lors de cette conférence a été l’absence de prise en charge effective des victimes. Maître GBILIMOU a rappelé que, malgré l’annonce officielle du gouvernement, la réalité est toute autre. « Les blessés, évacués par des véhicules d’officiers présents dans le stade, ont été transportés à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne, où ils ont été abandonnés à leur sort. Certains ont même été contraints de quitter l’établissement et de regagner Nzérékoré par leurs propres moyens », a-t-il révélé.
Pire encore, il a dénoncé le sort des blessés envoyés au Maroc pour des soins médicaux. Selon lui, la majorité a été rapatriée sans réelle prise en charge, ne laissant qu’un seul patient encore hospitalisé : le jeune Étienne, dont l’état, lui aussi, inquiète en raison d’une prise en charge insuffisante.
Bien déterminé à faire éclater la vérité, le Collectif des Avocats des Victimes entend poursuivre en justice toutes les personnes directement impliquées dans la tragédie. Dans leur ligne de mire figurent :
- Les organisateurs de l’événement, réunis sous la plateforme « Jeune leader ».
- Les autorités en charge de la sécurité, accusées de négligence dans la gestion des spectateurs et de l’événement.
- Les décideurs ayant autorisé l’entrée de véhicules dans le stade, un élément qui aurait aggravé le drame.
« Ceux qui avaient le devoir d’assurer la sécurité du public, ceux qui ont donné leur accord pour l’événement et ceux qui ont permis l’entrée de véhicules doivent répondre de leurs actes », a martelé Maître GBILIMOU.
Cette conférence de presse marque un tournant décisif dans la quête de justice des victimes et de leurs familles. Face à ce qu’ils considèrent comme une tentative d’étouffer l’affaire, les avocats affichent leur détermination sans faille à mener cette bataille judiciaire jusqu’au bout.
Hawa Mohamed Soumah pour Planete7.info
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