Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines : Un combat urgent pour l’Humanité
Chaque année, le 6 février marque la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), un rendez-vous crucial instauré par l’ONU en 2003 pour intensifier la lutte contre cette pratique qui continue de mutiler et de marquer à vie des millions de filles et de femmes à travers le monde. Cette journée ne se limite pas à une simple commémoration : elle constitue un appel pressant à l’action, un moment de prise de conscience et de mobilisation pour éradiquer une tradition d’une violence inouïe.
Les mutilations génitales féminines, notamment l’excision, demeurent profondément ancrées dans certaines communautés, souvent justifiées par des croyances culturelles ou religieuses mal interprétées. Hassatou Lamarana Bah, féministe et vice-présidente des Amazones de la Presse Guinéenne, déplore la persistance de cette pratique et met en lumière les résistances qui entravent son éradication : « L’excision est si enracinée dans nos sociétés qu’elle est souvent imposée par les femmes elles-mêmes, persuadées qu’elle garantit la pureté de leurs filles. L’un des défis majeurs reste la confusion entre tradition et religion. Il est impératif que les leaders religieux interviennent pour dissiper ces amalgames et rétablir la vérité sur ce que l’Islam dit réellement sur cette pratique. »
Cette méprise, savamment entretenue par des siècles de transmission culturelle, rend d’autant plus difficile la prise de conscience des dangers qu’elle engendre. Seule une approche inclusive impliquant les chefs religieux, les autorités communautaires et la société civile pourra progressivement modifier ces perceptions.
Au-delà de l’atteinte à l’intégrité physique des victimes, les MGF provoquent des séquelles médicales, psychologiques et sociales souvent irréversibles. Kadiatou Sow, consultante en santé publique, souligne les dangers immédiats d’une telle pratique : « Les mutilations génitales féminines peuvent provoquer des hémorragies incontrôlables, des infections graves et même la mort, surtout lorsqu’elles sont réalisées avec des outils rudimentaires et sans conditions sanitaires adéquates. »
À long terme, les conséquences sont tout aussi dramatiques. Les femmes excisées sont exposées à d’importantes complications obstétricales, dont la dystocie et les fistules, pouvant entraîner la perte de leur bébé ou des séquelles irréversibles sur leur propre santé.
Sur le plan psychologique, les répercussions sont profondes : anxiété, stress post-traumatique, troubles de la sexualité, et dépression sont des cicatrices invisibles qui persistent bien au-delà de l’acte lui-même.
L’un des défis majeurs reste l’accès aux soins adaptés pour les victimes. Kadiatou Sow regrette le déficit de formation des professionnels de santé : « Peu de médecins et de sages-femmes sont préparés à gérer les complications des MGF ou à accompagner psychologiquement les survivantes. Cette absence de prise en charge renforce le silence et la souffrance de nombreuses femmes. »
À cela s’ajoute un tabou social persistant, rendant difficile toute démarche de sensibilisation ou de dénonciation. Dans certaines communautés, évoquer publiquement l’excision reste un sujet délicat, parfois même dangereux pour celles et ceux qui osent s’y opposer.
Face à ce fléau, la Journée de tolérance zéro aux MGF ne doit pas être un simple rituel annuel, mais une impulsion pour des actions concrètes et durables. Hassatou Lamarana Bah appelle à une mobilisation élargie : « Il est temps que tous les acteurs – autorités publiques, partenaires techniques et financiers, leaders religieux et communautaires, médias et société civile – unissent leurs efforts pour éradiquer définitivement cette pratique. Il faut intensifier les campagnes de sensibilisation et garantir une meilleure protection des filles en danger. »
L’abolition des mutilations génitales féminines n’est pas une utopie, mais une nécessité absolue pour garantir aux générations futures le droit fondamental de grandir sans subir de violences mutilantes. L’urgence est là : la tolérance zéro doit devenir une réalité.
Hawa Mohamed Soumah pour Planete7.info
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