Ce jeudi 19 décembre 2024, l’hôtel Kaloum a accueilli une table ronde d’une importance capitale pour l’avenir économique de la Guinée, réunissant des acteurs de premier plan du secteur agricole, financier et des décideurs publics. Organisée par le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, cette rencontre s’est tenue sous le thème : « Quels mécanismes pour l’accès au financement des agripreneurs ? » et s’inscrit dans la vision stratégique Simandou 2040, portée par les autorités guinéennes.

Dans son allocution d’ouverture, le ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, Félix Lamah, a mis en lumière les ambitions du gouvernement pour faire de l’agriculture le pilier central de l’économie guinéenne. « L’agriculture doit participer grandement au PIB de notre pays », a-t-il déclaré, rappelant l’objectif fixé par le Premier ministre de faire passer la contribution du secteur agricole de 25 % à 50 % du PIB dans les prochaines années.

Il a également partagé les résultats encourageants des discussions avec les partenaires comme Rio Tinto, qui prévoient une contribution annuelle de 6 milliards de dollars au PIB à travers le programme Simandou 2040. « Le secteur agro-pastoral est un levier stratégique que nous devons soutenir avec des mécanismes adaptés », a-t-il martelé, avant de remercier les participants pour leur engagement.

Alpha Oumar Foly Diallo, directeur général du Fonds de Développement Agricole (FODA), a, pour sa part, souligné les objectifs de la table ronde, parmi lesquels :

1. Faciliter le dialogue entre institutions financières et agri-preneurs.

2. Identifier des solutions concrètes pour améliorer l’accès au crédit.

3. Mettre en lumière les opportunités du programme Simandou 2040.

4. Renforcer les partenariats publics-privés pour un financement ciblé.

Il a salué la présence d’environ 300 participants, dont des représentants d’institutions financières, des agri-preneurs, et des experts du secteur agro-pastoral, venus débattre des défis liés au financement agricole.

Karamo Kaba, directeur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), a brossé un tableau réaliste des faiblesses du financement agricole. « Seulement 2 % des crédits bancaires sont dirigés vers l’agriculture, un secteur qui emploie 70 % de la population et représente 25 % du PIB », a-t-il déploré.

Face à ce déséquilibre, la BCRG a entrepris des réformes majeures, notamment la mise en place d’un système d’information de crédit en février 2024. Cet outil vise à réduire l’asymétrie d’information entre prêteurs et emprunteurs, un pas significatif pour encourager les banques à financer davantage le secteur agricole.

Ousmane Kaba, un agri-preneur passionné, a salué cette initiative qui, selon lui, « crée une passerelle entre les jeunes entrepreneurs agricoles et les institutions financières ». Il a insisté sur le besoin d’accompagnement technique et financier pour permettre à ces jeunes de transformer leurs idées en projets viables. « Cette table ronde nous donne l’opportunité de mieux comprendre les attentes des banques et de nous adapter à leurs exigences », a-t-il confié.

Les débats ont permis de mettre en exergue plusieurs pistes de solutions, notamment :

1- La création de mécanismes de garantie pour réduire les risques financiers.

2- Le développement d’infrastructures agricoles modernes.

3- L’amélioration des capacités techniques des agri-preneurs à travers des formations ciblées.

Le ministre Félix Lamah a conclu en réaffirmant l’engagement de son département à soutenir les agri-preneurs. « Nous devons ensemble bâtir une agriculture qui nourrit, qui crée des emplois et qui dynamise notre économie », a-t-il déclaré sous les applaudissements.

Cette table ronde marque un tournant dans la mobilisation des acteurs autour de l’agriculture en Guinée. Elle pose les bases d’un partenariat renforcé entre l’État, les institutions financières et les agri-preneurs pour transformer un potentiel agricole immense en moteur de croissance durable.

Le rendez-vous est pris pour l’évaluation des résultats concrets de cette initiative dans les mois à venir, alors que la Guinée s’engage résolument sur la voie de la modernisation de son agriculture.

Mountaga Pandiara Diallo pour Planete7.info