Simandou des Guinéen(es) : simple minerai ou signe précurseur d’un avenir reluisant ?

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Aujourd’hui, les regards des mastodontes du secteur de l’acier sont tournés vers la Guinée, et la population guinéenne a également les yeux et l’esprit orienté vers le projet Simandou. L’espoir est grand, immense ! Les uns espèrent avoir de l’emploi, les autres veulent bientôt profiter des opportunités d’affaires pour grandir… Quelles politiques publiques pour une gestion efficiente en vue d’une rétribution équitable et juste des retombées du SIMANDOU ?

Ce gigantesque projet devrait contribuer à transformer structurellement l’économie du pays voire la faire passer dans la catégorie des économies émergentes. Les projections sur les retombées du projet font état d’un afflux additionnel sur le PIB de l’ordre de USD 8 à 9 milliards par an sur la période 2027-2040. De même, près de USD 2 Milliards de recettes publiques additionnelles pourraient être générées directement par le projet chaque année, sur la période 2024-2030. Cette contribution passera à près de USD 3,5 Milliards, en moyenne chaque année sur la période 2031-2040.

Quelles Politiques de redistributions des retombées minières ?

Avec toutes ces projections optimistes liées aux retombées du Simandou, les autorités devraient mettre en place des politiques qui permettront d’améliorer substantiellement le bien-être de l’ensemble des Guinéens tout en pensant aux générations futures.

Ce projet devrait permettre l’éclosion d’une classe moyenne d’au moins 80% de la population (revenu mensuel compris entre gnf 10 millions et gnf 30 millions). D’une part, elle constitue un moteur de croissance économique en ce sens qu’elle a un pouvoir d’achat élevé et contribue à la demande de biens et services. D’autre part, l’essor d’une classe moyenne peut constituer une source de stabilité sociale.

Pour y parvenir, nous formulons les recommandations suivantes :

Prioriser la diversification de l’Economie

La structure actuelle de l’économie est telle qu’elle dépend du secteur extractif, avec plus de 90% du volume de ses exportations. Cette situation suggère une vulnérabilité et une fragilité vis-à-vis des chocs extérieurs. L’État Guinéen devrait travailler à mettre en place des politiques visant à transformer structurellement notre économie. Cela procèdera du drainage d’une partie des retombées additionnelles du Simandou vers des secteurs porteurs comme l’agriculture. Cette politique aura le mérite de générer une croissance plus inclusive.

Miser sur l’accumulation du capital humain

Comme le soutiennent certains chercheurs, l’aptitude d’un pays doté en ressources naturelles à créer de la croissance économique dépend du niveau de qualification de sa main d’œuvre (Torvik,2001, Deaton,1999). L’Etat guinéen doit faire de la formation une priorité.

Cela passera par la mise en place d’un système éducatif adapté : programmes adaptés aux besoins du marché et des infrastructures éducatives dignes de noms. Le pays a plus que jamais besoin d’ingénieurs dans tous domaines : mines, BTP, Statistiques, Agronomies, Santé etc.

Mettre en un fonds d’investissement stratégique

A l’image de beaucoup d’autres pays comme le Maroc (ITHMAR), le Sénégal (FONSIS) et le Gabon (FGIS), d’instituer un Fonds d’Investissement Stratégique qui pourra être abondé pour une partie des retombées de l’exploitation minière. Une telle entité aura pour mission d’accompagner l’Etat dans ses projets structurants. Il aura l’avantage de fédérer les investisseurs nationaux et étrangers autour de projets stratégiques et portant de l’Etat (Agrobusiness, Infrastructures et Transport, secteurs sociaux etc)

Mettre en place un fonds Intergénérationnel

Face à l’afflux des revenus colossaux, malins seront les autorités qui verront loin dans la gestion de ces fonds. A l’instar des pays comme la Norvège, les Emirats Arabes Unis ou encore le Canada et le Chili, la Guinée devrait mettre épargner une partie de ses rentes minières dans un fonds intergénérationnel. Un tel choix protège l’Etat contre l’instabilité des cours mondiaux des matières premières. De même cette épargne permettra de répondre aux besoins sociaux des futures générations.

Renforcer le suivi de la règlementation dans le secteur minier

Compte tenu de l’importance et des enjeux du projet Simandou, le rôle des institutions publiques est crucial dans le suivi de l’impact des activités minières tant dans la définition de règles et dans la redistribution des rentes minières.

Des institutions adaptées doivent être mises en place en vue d’assurer une gestion transparente, soutenable et sans corruption dans le secteur minier. Cela passera également par la vulgarisation et le suivi de l’application strict de la loi sur le contenu local.

L’exemple du Botswana en matière de gestion des ressources naturelles….

Le Botswana constitue un exemple de réussite en matière d’exploitation et de redistribution des retombées minières en Afrique. En effet, malgré l’éviction du secteur agricole au profit de la rente minière, l’économie Botswanaise a pu se passer des travers des ressources naturelles grâce à un ensemble de facteurs. Le succès de ce pays repose tout d’abord sur la transparence dans le secteur minier et l’ancrage d’un système politique et des institutions fortes (J. Clark Leith, 2005). Ce pays a su mettre en place un mécanisme permettant de réorienter les gains du secteur minier vers les infrastructures, l’éducation, la santé etc. A titre illustratif, le pays consacre environ 10% de son PIB à l’éducation (contre moins de 3% du PIB en Guinée) et 80% de sa population sont capables de s’offrir aujourd’hui des soins de proximité (Oumnia Boutaleb, 2022)

 

 

Auteur : Gaston BEAVOGUI, consultant, Ingénieur Statisticien Economiste

Gaston20beavogui@gmail.com +224 625 07 94 14

 

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