Réponse à l’injure : Tierno Monénembo est un monument littéraire (Par Djongassy Bah)
ON NE FRANCHIT PAS LE RUBICON !
Ce n’est pas vrai ! Aucun écrivain n’est écri-vin, surtout s’il s’agit de Tierno Monénembo, Prix Renaudot. Celui qui pense que ce monument est un écri-vin c’est plutôt ses écrits qui sont des écrits-vains ! On ne crie pas sur un écrivain. Mais on écrit et on crie sur celui qui donne des cris à la cité. Surtout de la part de celui qui a été mini-ministre, mi-nistre, c’est un lapsus, ministre de l’Enseignement Pré Universitaire est censé tout de même connaître le rôle primordial d’un écrivain, c’est assez basique.
D’abord, l’écrivain est un intellectuel qui utilise les mots à l’oral ou à l’écrit pour panser les maux. Son rôle est de dénoncer et combattre l’injustice sous toute sa forme. La règle d’or de la littérature c’est de défendre une cause éthique, politique, sociale ou religieuse, soit par ses œuvres soit par son intervention directe en tant qu’intellectuel. Un écrivain n’est ni politicien encore moins politicien. Un écrivain n’aboie pas. Parce qu’il est libre. Et c’est un homme libre qui exige la liberté des autres. Pourtant, les plus grands écrivains au monde sont des mathématiciens. Un mathématicien doit maîtriser ses repères mais quand on est mathémati-chien on se retrouve dans trois figures géométriques: les cercles vicieux, les Triangles haineux et les esprits trop carrés.
Un écrivain, c’est celui qui renonce au bonheur pour le bien-être des autres. Il défend toujours l’opprimé face à l’oppresseur. Il est le sauveur, le Messie. Il est la voix des sans-voix. Quand le politicien, je voulais dire, te vend des illusions et t’endorme, c’est l’écrivain qui t’alerte, qui te réveille, qui te galvanise et qui te redonne de l’espoir. Et c’est seul l’espoir qui permet de vivre. Tenez cette gamme d’écrivains: Léon Gontran Damas, Aimé Césaire, René Maran, Pascal, Voltaire, Chateaubriand, Émile Zola et tant d’autres, ils avaient tous renoncé au bonheur pour que vivent mieux les autres. Faisons un zoom sur l’un d’entre eux, connaissez-vous Émile Zola ? Non. Parce que, je vous connais.
Alors je vous parle de cette belle âme. Nous sommes au XIXème siècle, lorsque Zola renonçait à l’Académie Française, pourtant un projet qu’il tenait comme la prunelle de ses yeux. En d’autres termes, il avait renoncé au bonheur pour que vive la justice en France. Avec sa posture d’écrivain, il avait affronté les autorités françaises pour rétablir Colonel Dreyfus dans ses droits. Alfred Dreyfus, c’est cet officier français de confession juive victime d’une machination judiciaire, accusé à tort, par antisémitisme d’être un espion au service de l’Empire Allemand. Le 13 janvier 1898, Émile Zola, écrivain au summum de sa gloire, fait rebondir l’affaire en publiant dans le journal L’Aurore une lettre ouverte adressée au président de la République d’alors, Félix Faure intitulée « J’accuse… ! ».
Le célèbre écrivain entre dans un combat pour la justice et la vérité, et prend la tête d’un collectif convaincu de l’innocence d’Alfred Dreyfus. Dans son texte, il reprend toute l’affaire, dénonce les falsifications, le comportement de l’armée compromise dans l’affaire. Zola affirme qu’il se bat « au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur ». Il s’insurge donc contre l’injustice, qui a toujours existé, et qui doit cesser.
Il parle de « droit au bonheur ». C’est un idéal démocratique, toute personne mérite l’égalité face à la justice. Il affirmait en ces termes: » L’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. On ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends »! Retenez qu’un écri-vin n’existe pas. Un écrivain écrit sur un oppresseur. Celui qui écrit sur un opprimé est un écri-vain. Un écrivain est toujours et toujours habité et hanté par un « gendarme » et ce gendarme est immuable car il s’appelle CONSCIENCE.
En clair, un écrivain parie sur sa conscience et malheureusement, un « politi-chien » mise sur le ventre et le bas-ventre. Dites moi Monsieur, Combien de bites et de vergers de prétendus cadres circulent au quotidien dans les inbox des IPhones des filles ? Vous n’en parlez pas ? D’accord ! Lansana KOUYATÉ disait qu’il ne redouble pas sa classe, c’est-à-dire qu’il ne sera pas deux fois premier ministre. Sauf que vous, beaucoup pensent que vous avez quitté la Terminale pour la 7ème année. Alors, Festoyez-vous, bercez-vous dans le miroitement de privilèges et enveloppez-vous dans la brume de la corruption.
Mais, arrêtez un peu et laissez les gens respirer. Tierno Monénembo, Prix Renaudot 2008 et auteur d’une dizaine de livres est un monument. D’ailleurs, le malheur du pays, c’est parce qu’on a qu’un seul Monénembo. Qualifier Tierno Monénembo d’un écrivassier, est un sacrilège. Faites une introspection et présentez vos excuses pour le respect de tous ceux qui ont décerné ces différents Prix à cette légende vivante: en plus d’être auteur de 15 ouvrages littéraires, il est lauréat de ces différents Prix: Grand Prix littéraires d’Afrique Noire, Prix Renaudot, Prix Erckmann Chatrian, Grand Prix du Roman métis, Grand Prix Palatine, Prix Ahmadou KOUROUMA, Grand Prix de la Francophonie et Prix Moussa KONATÉ.
Dans une invite à dîner, Monénembo répondait à François Hollande au mois d’avril 2017 « Il ne s’agit pas là d’une question de personnes mais d’une question de principe. Le mien est simple mais définitivement intangible : je ne mange pas avec ceux qui mangent l’Afrique. Alors, dinez sans moi. Bon appétit ! » Ces propos sont du monument, Tierno Monénembo. Répentez-vous, Monsieur, la profanation en vaut la chandelle !
Mamadou Diongassy Bah, enseignant/Journaliste, épris de justice.
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