Quand la Primature vacille de l’art de confondre la chose publique avec le théâtre des vanités ! (Par De Bossuet Junior)

Il est des lieux dont la seule évocation devrait imposer silence, respect et tenue. La Primature en est un. Qu’elle se transforme aujourd’hui, avec une régularité affligeante, en lieu de passage quasi festif pour artistes en tournée, vedettes de circonstance et amuseurs de galerie, constitue un affront inqualifiable à l’intelligence républicaine.

La fonction de Premier ministre, dans une République qui se veut sérieuse, exige hauteur de vue, sobriété de ton, et fermeté d’action. Elle n’autorise ni les postures frivoles, ni les effusions populistes, ni ces invraisemblables séances de « selfie diplomatique » où l’ego semble plus sollicité que la conscience d’État.

Qu’un chef du gouvernement se prête à ces mises en scène à répétition à défaut de prendre à bras-le-corps les urgences nationales est non seulement déplacé, mais inquiétant.

Nous disposons, faut-il le rappeler, d’un ministère de la Culture. Nous en avons également un de la Jeunesse. C’est à ces institutions qu’il revient, dans le cadre de leur compétence propre, d’échanger avec les figures du monde artistique et des expressions contemporaines.

La Primature, elle, ne saurait se prêter aux mondanités de convenance ni se muer en antichambre de la « peoplecratie ». À trop s’abandonner à ces dérives superficielles, elle perd de sa verticalité, de son autorité et de son exemplarité.

Je m’autorise ici une interrogation simple, mais implacable :

A-t-on jamais vu un artiste guinéen reçu à la Primature du Sénégal ? De Côte d’Ivoire ? Du Maroc ? Du Ghana ?

Non. Et cela ne choque personne. Car ces États savent distinguer la représentation républicaine des instants de convivialité.

Alors que chez nous, c’est la banalité qui triomphe, la confusion qui règne, et le décorum qui se substitue à la rigueur.

Faut-il y voir l’aveu implicite d’un agenda vide ?

Le Premier ministre manquerait-il à ce point de matière à gouverner qu’il se rabatte sur l’anecdotique pour meubler le vide ?

Si tel est le cas, qu’il ait l’honnêteté d’en faire état, afin que d’autres, plus disposés, plus enracinés dans la gravité des temps, puissent assumer la charge.

Il serait d’ailleurs malséant de taire ce que beaucoup murmurent : l’homme qui incarne aujourd’hui la Primature semble chaque jour davantage démentir la stature qu’on lui prêtait.

Et chaque photographie légère, chaque réception inutile, alimente le soupçon cruel selon lequel il n’aurait, par le passé, jamais été préparé à de telles responsabilités.

Or la Guinée est en transition. Elle n’a que faire de l’esbroufe et du spectacle. Elle attend des actes, de la vision, et surtout du sérieux.

La République n’est pas un studio. La Primature n’est pas un tapis rouge. Le chef du gouvernement n’est pas un animateur culturel.

Il est plus que temps d’en finir avec ces gesticulations à contretemps, qui abîment la symbolique institutionnelle et fragilisent l’architecture de l’État.

Le peuple guinéen mérite mieux qu’une comédie mal jouée au sommet de l’exécutif.

 

Par De Bossuet Junior

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