Un jeune Guinéen écrit au Président Emmanuel Macron

Pour un partenariat équitable et innovant entre l’Afrique et la France : Lettre ouverte au Président Emmanuel Macron

Monsieur le Président,

L’Afrique, avec son potentiel démographique, économique et culturel, se trouve à un moment décisif de son histoire. Ce continent, qui représente un quart de la population mondiale en 2050, est riche de ressources naturelles, d’une jeunesse dynamique et d’un esprit entrepreneurial qui ne demande qu’à être encouragé. Pourtant, malgré ces atouts indéniables, nos économies continuent de faire face à des obstacles majeurs qui freinent leur pleine transformation. Ces défis structurels, notamment l’accès limité aux services de base, la dépendance aux exportations brutes et les perceptions négatives de risque par les investisseurs internationaux, créent un fossé entre nos aspirations légitimes et les moyens disponibles pour les atteindre.

Ces difficultés ne sont pas le fruit d’un manque de volonté ou d’initiatives de la part des nations africaines. Elles sont aussi le résultat d’un système financier mondial qui, dans sa forme actuelle, perpétue des inégalités et des asymétries. Les mécanismes traditionnels de financement du développement, bien qu’ils aient apporté des progrès notables par le passé, sont devenus insuffisants et, dans certains cas, inadaptés aux réalités et ambitions des économies africaines contemporaines. Nous assistons à une stagnation qui nous impose de repenser profondément l’architecture financière internationale.

Monsieur le Président, je ne vous écris pas pour demander de l’aide, mais pour proposer un dialogue constructif et une réflexion partagée. La France, sous votre impulsion, a démontré sa capacité à fédérer autour de projets ambitieux, comme en témoigne le Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial tenu à Paris les 22 et 23 juin 2023. Ce sommet a permis de poser des bases prometteuses en faveur d’une réforme des mécanismes financiers internationaux. Mais, pour que ces idées portent leurs fruits, il est impératif d’aller plus loin et de donner corps à une vision commune où l’Afrique n’est pas un simple bénéficiaire, mais un acteur clé du développement mondial.

L’Afrique d’aujourd’hui n’est plus celle des décennies passées. Nos nations affichent des taux de croissance qui, bien que stimulants, doivent être traduits en transformations structurelles profondes. Nous devons mettre fin à la dépendance excessive aux exportations de matières premières en investissant massivement dans leur transformation locale. Il est temps de mobiliser des financements innovants qui valorisent les secteurs productifs, soutiennent l’entrepreneuriat et encouragent l’industrialisation. Ces efforts nécessitent des partenariats fondés sur des intérêts mutuels, où chaque partie contribue et bénéficie à hauteur de son engagement.

Je tiens également à souligner que la perception du risque, souvent exagérée par les agences de notation et les investisseurs, est un frein majeur à l’émergence des économies africaines. Cette perception injuste limite notre accès aux financements à des coûts raisonnables et nous enferme dans un cercle vicieux d’endettement. C’est pourquoi je plaide pour la création de mécanismes de financement plus équilibrés, basés sur des évaluations transparentes et réalistes. Les agences de notation doivent intégrer des critères qui reflètent la réalité des progrès accomplis par les nations africaines.

Pour aller au-delà des diagnostics et proposer des solutions concrètes, je crois fermement en la nécessité de réformer les institutions financières internationales. Ces institutions doivent adapter leurs approches pour répondre aux besoins spécifiques des économies africaines, notamment en soutenant les petites et moyennes entreprises, en encourageant le financement par Private Equity et en développant des instruments financiers innovants. Par ailleurs, le renforcement des capacités des banques africaines de développement, comme la Banque Africaine de Développement (BAD), est crucial. Elles doivent jouer un rôle de leadership dans le financement des projets structurants qui changeront durablement le visage de notre continent.

Monsieur le Président, je ne cherche pas à minimiser la complexité de ces enjeux. Mais je suis convaincu qu’avec une volonté politique commune et une mobilisation des acteurs publics et privés, nous pouvons relever ces défis ensemble. L’Afrique n’est pas seulement le continent des défis, elle est aussi celui des opportunités. Ce que nous entreprenons aujourd’hui pour redéfinir les règles du jeu financier international profitera non seulement à l’Afrique, mais aussi au reste du monde. En investissant dans l’Afrique, nous investissons dans la stabilité, la prospérité et l’équilibre global.

Ce partenariat, que j’appelle de mes vœux, ne doit pas être un acte de générosité, mais une stratégie concertée pour un développement partagé. Il ne s’agit pas de redonner à l’Afrique une place dans l’économie mondiale, mais de reconnaître et de renforcer la place qu’elle occupe déjà. C’est dans cet esprit que je vous invite, Monsieur le Président, à poursuivre avec détermination cette dynamique de réforme et à œuvrer pour un avenir où les relations entre nos continents seront fondées sur la coopération, le respect mutuel et l’ambition commune.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette lettre, en espérant qu’elle puisse enrichir les réflexions et actions encours. L’Afrique est prête à écrire un nouveau chapitre de son histoire, et elle compte sur des partenaires engagés pour l’accompagner dans cette démarche.

 

Mamadou Djouldé DIALLO

Analyste conformité et sécurité financière.

Diplômé d’un Master 2, Monnaie, Banque, Finance et Assurance à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et d’un MBA en gestion des entreprises à l’Université Laval, Canada.

Tél : +33766128360, courriel : djoulde29@gmail.com

 

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